Vendredi 22 / samedi 23 mars
Ce matin, Jeannot n’avait pas encore fait son
apparition, lorsque sur le départ nous avons salué son épouse avant de prendre
la route du centre ville pour mettre notre « blog » à jour. Une heure
après, nous disions au revoir aux Antaimoro pour rejoindre vers midi les
Antambahoaka, l’une des populations les plus influencées par les arabes, aux
mœurs locales proches de celles de leurs voisins sauf que la circoncision est
collective et se tient tous les sept ans… Avis aux amateurs, vous pouvez amener
votre garçon sous le bras, la prochaine cérémonie est programmée pour 2014.
Autre bizarrerie moins rigolote, « chez ces
gens là » la naissance de jumeaux est « tabou » et le second enfant
arrivé est systématiquement abandonné devant la première porte venue, et comme
tout le monde a des « outils » pour faire des bébés, c’était la mort
sûre... Aussi un Centre d’Accueil et de Transit de Jumeaux Abandonnés installé
dans la ville les recueille aujourd’hui et les élève au mieux avec l’aide d’une
Association française.
Après avoir bien plu durant la nuit, la route
s’est faite sous une pluie fine et constante. D’abord sur les 120 kilomètres
pour rejoindre plus à l’intérieur le carrefour de jonction qui nous avait
permis de bifurquer vers le « Sud », puis à partir de cette patte
d’oie, de prendre la branche « nord » pour nous faire retrouver la
côte 60 kilomètres plus loin.
Quelques arrêts volontaires au bord de la route
pour acheter des fruits, avec les bananes nous avons testé cette fois-ci les
« cœurs de bœufs », et puis d’autres pas vraiment souhaités bien que
non redoutés, nous nous sommes fait contrôler 3 fois, deux fois par les
gendarmes et une petite dernière par les flics arrivés à destination… Un
record !
Sinon le paysage est identique pour la première
partie, toujours des arbres du voyageurs à foison, mais ensuite, plus de
bambous que nous en avions vus jusque là. Et puis les cafiers ont fait leur apparition
en nombre à l’approche de Mananjary. Nous sommes de surcroit sur la route des
épices avec la vanille, le poivre et le girofle.
Pas grand-chose à faire dans ce bled posé à
cheval sur le canal des Pangalanes avec un bourg qui s’étant surtout en
longueur entre le canal et l’océan. Raison de notre venue, nous pensions
visiter dans l’après-midi une plantation repérée dans notre guide, et perdue en
pleine nature, mais le Vasa était « à la ville » et nous n’avons pas
fait affaire avec les trois « arbalètes » que nous avons trouvés sur
place et qui ont cru que nous allions leur laisser nos « ariany »
sans nous mettre « du culturel » sous la dent !
Autre raison du détour, la vanille… Mais rien
dans le bled ne fait figure de comptoir de vente, nous verrons demain matin
avant de repartir.
Rien ne semble bouger ici en dehors de
l’agitation habituelle d’un bourg malgache qui sous le crachin semble enfoncé
pour toujours dans un nuage d’humidité… Pas étonnant que le Vasa chez qui nous
déjeunions à notre arrivée, nous parlait de 96% de taux d’humidité quasiment à
longueur d’année.
L’humidité et la chaleur, car ici les deux vont
ensemble, Pierre-Jean s’est installé à Mananjary depuis douze mois, un peu pour
cette raison. Aussi pour avoir trouvé ici l’endroit le plus calme de l’île
après l’avoir arpentée une année durant. Peut-être enfin que la jolie malgache
qui l’accompagne fût pour quelque chose aussi dans son choix car elle a le joli
visage rond à la denture éclatante des filles de la région. Notre sympathique
garçon de 30 ans environ (enfin une jeune malgache avec un jeune Vasa),
originaire des Ardennes et horticulteur de formation, voulait développer à
Madagascar des races de pommes de terre originales pour le Pays, il avait fait
venir des plans par voie diplomatique nous a-t’il expliqué, sauf que son
entreprise a fait flop et que pour se sortir de la purée il s’est alors lancé
dans des produits plus classiques tels que les tomates, les carottes, les radis
etc… constatant que ces produits venaient des hauts plateaux et arrivaient
chers sur les étals de la région.
Bingo, ça marche et non content de la production
de son jardin qu’il travaille avec 3 ouvriers, il a racheté un petit resto au-dessus
duquel il a aménagé quelques chambres pour les touristes qui viennent ici pour
le canal, plus accessible en distance que là d’où nous venions, et qui surtout
permet de remonter en plusieurs jours vers le « Nord », suivant des
« trips » un peu similaire à notre aventure sur la Tsiribihina.
Il fait si humide que les constructions semblent
« bouffées » par la lèpre, les plus récentes comme celles laissées
par les Français à l’exemple de l’hôpital qui ressemble à une carcasse de
baleine en décomposition. Autre vieux reste de la France, le bâtiment de l’alliance
française qui de la route semble être squattée vu l’état de délabrement
« de la chose », mais ce n’est même pas certain !
Nous sommes installés chez Roselyne -qui fait
marcher l’hôtel pendant que son Vasa de mari est encore dans leur maison des
hauts de Cannes- dans un bungalow posé sur une vaste pelouse et sous les
cocotiers et de beaux arbres (l’humidité sied à merveille aux plantes), entre
rivière et océan… Sûrement un des plus beaux coins de l’endroit. Nous y avons
passé la fin de l’après-midi et agréablement diné sans même ressortir. Roselyne,
jolie madame de 59 ans, avait envie de parler, de ses origines malgaches et
chinoises, de sa vie en France et ici, de ses deux grandes filles, de ses
frères et sœurs aux quatre coins du monde.
« Mora Mora » aime à répéter les
Malgaches pour faire passer leur lenteur pour de l’art de vivre… Après un petit-déjeuner
sous la varangue face à l’océan, devant une pelouse au milieu de laquelle un
arbre aux feuilles vernissées trône si majestueusement qu’il ne tiendrait même
pas sur notre terrain, nous sommes partis au devant de l’arrivée des pêcheurs
que nous voyons poindre sur leur pirogues. Les femmes attentent sur la rive,
les bassines à la main.
A l’endroit de notre hôtel, dont le nom évocateur de « Jardin de la mer » n’est pas usurpé, la rivière proche de son estuaire est très large et de nombreuses pirogues font le taxi entre les deux rives. Quelques étals ne manquent pas de proposer quelques denrées, le poisson lorsqu’il arrive.
A l’endroit de notre hôtel, dont le nom évocateur de « Jardin de la mer » n’est pas usurpé, la rivière proche de son estuaire est très large et de nombreuses pirogues font le taxi entre les deux rives. Quelques étals ne manquent pas de proposer quelques denrées, le poisson lorsqu’il arrive.
C’est vers 9 heures bien sonnées que nous avons
pris la route de Ranomafana que nous devons retrouver en milieu de journée pour
une seconde tentative de visite du Parc si le beau temps prévu demain est au
rendez-vous.
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