Dimanche 24 / lundi 25 mars
Le dimanche en terre chrétienne, même fortement
matinée d’animisme, est le jour du Seigneur et pour ce seigneur là on peut
faire des kilomètres et des kilomètres car il vous promet le Paradis et ce
n’est pas rien tant la vie est difficile ici bas pour les Malgaches dans leur
grande majorité… Ce n’est donc plus le
besoin d’aller vendre ou acheter au marché qui pousse la population à rejoindre
les bourgs mais l’appel de la messe tout simplement et sans barguigner, en
habits de dimanche car c’est justement le bon jour pour les sortir, on marche
et on marche pour se joindre à la prière.
Finalement c’est bien d’avoir deux flèches à son
arc, le double pari de pascal en quelque sorte…C’est le mécréant (malhonnête) qui
parle !
En vérité, les marchands occupaient aussi les
trottoirs (appelons ça comme ça) car si les nourritures spirituelles
nourrissent les esprits, restent les corps à alimenter, et quand ce second
n’est plus en vie…Pschitt, l’autre s’est envolé !
En remontant vers les Hautes terres, au-delà des
1000 mètres, nous avons retrouvé le soleil, timide d’abord en cours de route et
plus mordant en arrivant à Fianarantsoa dit Fiana, c’est tellement plus simple
ainsi… Comme les quéquettes, tout se raccourcit à Mada que ce soit à Tana ou à
… Mais là n’est pas le sujet.
Fianarantsoa , sur la RN 7 rejointe, sur les
Hauts plateaux retrouvés, est la deuxième cité de l’île , environ 150.000
habitants, centre intellectuel et académique d’importance, cœur du centre
agricole et d’élevage des plus importants du Pays, mais aussi probablement le
centre du catholicisme malgache, tant dans le passé les missionnaires s’y sont
donnés rendez-vous.
Une ville basse et une ville haute, oublions la
mosquée, avec des clochers partout, églises et temples. A la première église,
forcément toutes portes ouvertes pour recevoir des fidèles qui ne pouvaient
tous entrer, nous nous sommes arrêtés, les cantiques bellement chantés qui s’en
déversaient ne pouvant que de nous y inviter.
Un génie de la musique au synthé, un prêtre noir
en blanc transmuté en chef de chorale entrainant entre deux prières ses chœurs
en faisant de grands moulinets avec ses deux bras tout en roulant du bassin, la
nef dans ses plus beaux atours en soutien vocal, une petite fille devant nous
emportée par le rythme… Et nous toujours aux anges devant tant
d’angélisme !
A la fin de chaque morceau, nous avions envie
d’applaudir.
Ce n’était que notre premier bref rendez-vous
avec le sacré, nous en vécûmes un autre en grimpant vers la ville haute, à la belle
et imposante cathédrale cette fois-ci, puis un troisième plus haut encore, dans
un temple protestant où une chorale répétait un « gloria » quelconque
et qui ne l’était pas !
Juchée à 800 mètres au dessus de la nouvelle
ville dite basse, la ville haute de Fiana est vraiment jolie, un petit trésor
d’architecture malgache particulièrement entretenu et au centre duquel monte
une rue en escalier qui autrefois menait au « Rova », le palais de la
Reine qui n’existe plus : la reine et son palais. Aujourd’hui une grosse
antenne de communication en triste état trône à sa place, la vie est ainsi.
Nous avons fait le tour des lieux comme il se
doit, entourés d’une petite bande de gamins qui ne nous ont lâchés que revenus
en bas à la voiture, avec une pointe « bic » chacun. Nous en avons
emmenés plusieurs dizaines que nous égrainons en alternance avec les vêtements
que Anne distribue… Difficile de faire autant pour moi avec mes culottes dans
lesquelles deux Malgaches pourraient trouver place !
Nous avions auparavant parcourus la ville en
tous sens pour trouver notre hôtel d’étape, sans négliger au passage la gare
qui vous ferait penser être en suisse par son allure si ce n’était la
décrépitude de la place où elle est implantée, sa vétusté, le marché aussi, et
nous avons fini par trouver notre gîte à mi-pente… Un véritable
« oasis » où tous les services sont au rendez-vous,
« internet » qui nous a permis de mettre notre courrier à jour dans
l’après-midi… Et notre « blog » .
Au dîner nous avons testé le vin rouge du coin,
« le Côte de Fiana ». au goût de petit bordeaux passablement éventé… De
la merde comme dirait « Coffe »… Mais nous l’avons fini, à presque 5
euros la bouteille, faut pas déconner.
Richard nous avait prévenus.
Le pavé de zébu au poivre était par contre
excellent et le dessert au chocolat du
même tonneau si je puis dire !
Il n’y a pas que de la vigne dans les parages,
il y a des théiers aussi et l’on comprend mieux ainsi que lorsque ces deux
productions aussi éloignées l’une de l’autre, sont produites approximativement
dans le même « terroir », ce ne peut-être qu’au détriment qualitatif
de l’un des deux… Ce peut-être aussi la médiocrité pour les deux !
Pour le vérifier, nous avons programmé ce matin
un grand tour de campagne, destination la Plantation de thé Sidexam Sahambavy,
et c’est sous le ciel bleu que nous en avons pris la route vers 8 heures 30.
La Plantation est à environ 20 kilomètres vers
« l’Est » de Fiana, sur la petite ligne de train qui file vers
Manakara où nous étions il y a quelques jours, mais c’est par la piste que nous
y avons été.
Parti très en retard de Manakara hier matin, le
train est arrivé à Fiana très en retard forcément, comme souvent ! C’est
vers 22 heures au lieu de 16 heures qu’il est entré en gare, ce qui fait que
« les touristes » ont fait une grande partie du voyage la nuit
tombée… Sans aucun intérêt autre que de côtoyer une population bigarrée aux
nombreux fardeaux, tout le monde installé dans des wagons déglingués.
Avant de quitter Fiana, nous avions fait un
crochet pour aller les voir, stationnés au dépôt, la loco à la toilette.
Déglingués est un euphémisme !
Vieux vestige de l’époque coloniale, le plus
intéressant fût d’être « tombés » sur une « micheline »,
une vraie, l’ancêtre de l’autorail que tout le monde appelait à
tord« micheline », oubliant (ou ne sachant pas) que l’originale
commandée par la Société des Chemins de Fer Français à Michelin, roulait sur
pneumatiques et n’avait pas de wagon.
Il suffit simplement d’imaginer un gros autocar
grimpé sur des rails.
La piste pour joindre la Plantation est
particulièrement défoncée et nous avons eu beaucoup de peine à voir tous ces
gens, des femmes et des enfants parfois, pousser leurs chariots de trou en trou
afin d’acheminer vers Fiana leur production de charbons de bois, avant que les
sacs prennent la route pour Tana. C’est dans les bois de la région qu’en bons
« carbonari malgaches » ils le fabriquent. Ces carbonari-là n’ont pas
la chemise rouge, mais bien noire quand ils en ont une.
Souvent le long des routes, nous en avons
rencontrés, mais toujours plus ou moins isolés pas comme ce matin, à la suite
des uns et des autres sur plusieurs kilomètres.
Comme ce fût aussi le cas ce matin, nous avons
au cours de nos routes, croisés des producteurs de briques qui une fois
réalisées en terre bien rouge sont rassemblées en gros tas au sein desquels du
bois est brulé dans des cavités prévues à cet effet.
Il suffit aux acheteurs des briques désirées de
les récupérer après chauffe.
Non seulement le thé malgache est produit
uniquement dans la région mais plus étonnant, uniquement sur les 335 hectares
de la Plantation Sidexam de Sahambavy. A 10.000 pieds par hectare, ça
représente un gros labeur de cueillette pour la paysannerie locale.
Après la visite des ateliers animés par de
vieilles machines anglaises correspondant chacune à un stade
d’élaboration : flétrissage, broyage, découpage, fermentation, séchage et
triage… Nous somme passés au « goutage » puis à
« l’achetage » avant de filer à la rencontre des cueilleurs que nous
avions repérés de très loin, car toutes les collines environnante sont
buissonnantes de théiers.
Ils sont 200, des femmes surtout mais pas
exclusivement, à écimer les pieds des 2 ou 3 dernières feuilles (2 pour le thé
vert et 3 pour le noir), sachant que chaque parcelle les voit passer une fois
par semaine. Chaque panier rempli est alors pesé pour son paiement.
80% de la production est dirigée vers Mombasa,
la bourse du thé pour l’Afrique de l’Est dont dépend Madagascar. Il est alors
qualitativement évalué par des experts avant d’être mis aux enchères.
Dans la journée nous sommes d’avantage
« café » et c’est ce que nous avons pris dans un bel établissement
hôtelier posé les pieds dans un grand lac voisin, avant de rejoindre Fiana pour
y déjeuner, de faire la visite du petit show room d’un photographe renommé à
Madagascar, de faire un brin de sieste avant de ressortir faire quelques
emplettes vers 18 heures.
Ce soir, pas rancuniers, nous avons testé le « Côte
de Fiana » en version « gris »… La fraicheur l’a rendu tout
simplement plus buvable !
Demain nous reprenons la RN 7 pour la suite du
voyage…
Excellent commentaire et superbes photos !
RépondreSupprimerTransporte que je suis. J'adore "le petit genie". Bises a vous 2 !
moi, je n'ai jamais parié avec toi.
RépondreSupprimerPascal