lundi 25 mars 2013

FIANARANTSOA



Dimanche 24 / lundi 25 mars

Le dimanche en terre chrétienne, même fortement matinée d’animisme, est le jour du Seigneur et pour ce seigneur là on peut faire des kilomètres et des kilomètres car il vous promet le Paradis et ce n’est pas rien tant la vie est difficile ici bas pour les Malgaches dans leur grande majorité…  Ce n’est donc plus le besoin d’aller vendre ou acheter au marché qui pousse la population à rejoindre les bourgs mais l’appel de la messe tout simplement et sans barguigner, en habits de dimanche car c’est justement le bon jour pour les sortir, on marche et on marche pour se joindre à la prière.

Finalement c’est bien d’avoir deux flèches à son arc, le double pari de pascal en quelque sorte…C’est le mécréant (malhonnête) qui parle !

En vérité, les marchands occupaient aussi les trottoirs (appelons ça comme ça) car si les nourritures spirituelles nourrissent les esprits, restent les corps à alimenter, et quand ce second n’est plus en vie…Pschitt, l’autre s’est envolé !

En remontant vers les Hautes terres, au-delà des 1000 mètres, nous avons retrouvé le soleil, timide d’abord en cours de route et plus mordant en arrivant à Fianarantsoa dit Fiana, c’est tellement plus simple ainsi… Comme les quéquettes, tout se raccourcit à Mada que ce soit à Tana ou à … Mais là n’est pas le sujet.

Fianarantsoa , sur la RN 7 rejointe, sur les Hauts plateaux retrouvés, est la deuxième cité de l’île , environ 150.000 habitants, centre intellectuel et académique d’importance, cœur du centre agricole et d’élevage des plus importants du Pays, mais aussi probablement le centre du catholicisme malgache, tant dans le passé les missionnaires s’y sont donnés rendez-vous.

Une ville basse et une ville haute, oublions la mosquée, avec des clochers partout, églises et temples. A la première église, forcément toutes portes ouvertes pour recevoir des fidèles qui ne pouvaient tous entrer, nous nous sommes arrêtés, les cantiques bellement chantés qui s’en déversaient ne pouvant que de nous y inviter.

Un génie de la musique au synthé, un prêtre noir en blanc transmuté en chef de chorale entrainant entre deux prières ses chœurs en faisant de grands moulinets avec ses deux bras tout en roulant du bassin, la nef dans ses plus beaux atours en soutien vocal, une petite fille devant nous emportée par le rythme… Et nous toujours aux anges devant tant d’angélisme !

A la fin de chaque morceau, nous avions envie d’applaudir.

Ce n’était que notre premier bref rendez-vous avec le sacré, nous en vécûmes un autre en grimpant vers la ville haute, à la belle et imposante cathédrale cette fois-ci, puis un troisième plus haut encore, dans un temple protestant où une chorale répétait un « gloria » quelconque et qui ne l’était pas !

Juchée à 800 mètres au dessus de la nouvelle ville dite basse, la ville haute de Fiana est vraiment jolie, un petit trésor d’architecture malgache particulièrement entretenu et au centre duquel monte une rue en escalier qui autrefois menait au « Rova », le palais de la Reine qui n’existe plus : la reine et son palais. Aujourd’hui une grosse antenne de communication en triste état trône à sa place, la vie est ainsi.

Nous avons fait le tour des lieux comme il se doit, entourés d’une petite bande de gamins qui ne nous ont lâchés que revenus en bas à la voiture, avec une pointe « bic » chacun. Nous en avons emmenés plusieurs dizaines que nous égrainons en alternance avec les vêtements que Anne distribue… Difficile de faire autant pour moi avec mes culottes dans lesquelles deux Malgaches pourraient trouver place !

Nous avions auparavant parcourus la ville en tous sens pour trouver notre hôtel d’étape, sans négliger au passage la gare qui vous ferait penser être en suisse par son allure si ce n’était la décrépitude de la place où elle est implantée, sa vétusté, le marché aussi, et nous avons fini par trouver notre gîte à mi-pente… Un véritable « oasis » où tous les services sont au rendez-vous, « internet » qui nous a permis de mettre notre courrier à jour dans l’après-midi… Et notre « blog » .

Au dîner nous avons testé le vin rouge du coin, « le Côte de Fiana ». au goût de petit bordeaux passablement éventé… De la merde comme dirait « Coffe »… Mais nous l’avons fini, à presque 5 euros la bouteille, faut pas déconner.

Richard nous avait prévenus.

Le pavé de zébu au poivre était par contre excellent et le  dessert au chocolat du même tonneau si je puis dire !








 Il n’y a pas que de la vigne dans les parages, il y a des théiers aussi et l’on comprend mieux ainsi que lorsque ces deux productions aussi éloignées l’une de l’autre, sont produites approximativement dans le même « terroir », ce ne peut-être qu’au détriment qualitatif de l’un des deux… Ce peut-être aussi la médiocrité pour les deux !
Pour le vérifier, nous avons programmé ce matin un grand tour de campagne, destination la Plantation de thé Sidexam Sahambavy, et c’est sous le ciel bleu que nous en avons pris la route vers 8 heures 30.
La Plantation est à environ 20 kilomètres vers « l’Est » de Fiana, sur la petite ligne de train qui file vers Manakara où nous étions il y a quelques jours, mais c’est par la piste que nous y avons été.
Parti très en retard de Manakara hier matin, le train est arrivé à Fiana très en retard forcément, comme souvent ! C’est vers 22 heures au lieu de 16 heures qu’il est entré en gare, ce qui fait que « les touristes » ont fait une grande partie du voyage la nuit tombée… Sans aucun intérêt autre que de côtoyer une population bigarrée aux nombreux fardeaux, tout le monde installé dans des wagons déglingués.
Avant de quitter Fiana, nous avions fait un crochet pour aller les voir, stationnés au dépôt, la loco à la toilette.
Déglingués est un euphémisme !
Vieux vestige de l’époque coloniale, le plus intéressant fût d’être « tombés » sur une « micheline », une vraie, l’ancêtre de l’autorail que tout le monde appelait à tord« micheline », oubliant (ou ne sachant pas) que l’originale commandée par la Société des Chemins de Fer Français à Michelin, roulait sur pneumatiques et n’avait pas de wagon.
Il suffit simplement d’imaginer un gros autocar grimpé sur des rails.
La piste pour joindre la Plantation est particulièrement défoncée et nous avons eu beaucoup de peine à voir tous ces gens, des femmes et des enfants parfois, pousser leurs chariots de trou en trou afin d’acheminer vers Fiana leur production de charbons de bois, avant que les sacs prennent la route pour Tana. C’est dans les bois de la région qu’en bons « carbonari malgaches » ils le fabriquent. Ces carbonari-là n’ont pas la chemise rouge, mais bien noire quand ils en ont une.
Souvent le long des routes, nous en avons rencontrés, mais toujours plus ou moins isolés pas comme ce matin, à la suite des uns et des autres sur plusieurs kilomètres.
Comme ce fût aussi le cas ce matin, nous avons au cours de nos routes, croisés des producteurs de briques qui une fois réalisées en terre bien rouge sont rassemblées en gros tas au sein desquels du bois est brulé dans des cavités prévues à cet effet.
Il suffit aux acheteurs des briques désirées de les récupérer après chauffe.
Non seulement le thé malgache est produit uniquement dans la région mais plus étonnant, uniquement sur les 335 hectares de la Plantation Sidexam de Sahambavy. A 10.000 pieds par hectare, ça représente un gros labeur de cueillette pour la paysannerie locale.
Après la visite des ateliers animés par de vieilles machines anglaises correspondant chacune à un stade d’élaboration : flétrissage, broyage, découpage, fermentation, séchage et triage… Nous somme passés au « goutage » puis à « l’achetage » avant de filer à la rencontre des cueilleurs que nous avions repérés de très loin, car toutes les collines environnante sont buissonnantes de théiers.
Ils sont 200, des femmes surtout mais pas exclusivement, à écimer les pieds des 2 ou 3 dernières feuilles (2 pour le thé vert et 3 pour le noir), sachant que chaque parcelle les voit passer une fois par semaine. Chaque panier rempli est alors pesé pour son paiement.
80% de la production est dirigée vers Mombasa, la bourse du thé pour l’Afrique de l’Est dont dépend Madagascar. Il est alors qualitativement évalué par des experts avant d’être mis aux enchères.
Dans la journée nous sommes d’avantage « café » et c’est ce que nous avons pris dans un bel établissement hôtelier posé les pieds dans un grand lac voisin, avant de rejoindre Fiana pour y déjeuner, de faire la visite du petit show room d’un photographe renommé à Madagascar, de faire un brin de sieste avant de ressortir faire quelques emplettes vers 18 heures.
Ce soir, pas rancuniers, nous avons testé le « Côte de Fiana » en version « gris »… La fraicheur l’a rendu tout simplement plus buvable !
Demain nous reprenons la RN 7 pour la suite du voyage…




 

 








2 commentaires:

  1. Excellent commentaire et superbes photos !
    Transporte que je suis. J'adore "le petit genie". Bises a vous 2 !

    RépondreSupprimer
  2. moi, je n'ai jamais parié avec toi.
    Pascal

    RépondreSupprimer