Mardi 26 / mercredi 27 et jeudi 28 mars
En dehors de quelques affaissements, rares, la
route du « Sud » (probablement moins fréquentée que plus au
« Nord »), est bonne en terre Bara, le peuple du« Sud » intérieur
qui fait suite aux Betsiléo.
Les Bara ont la triste réputation historique
d’être des voleurs de zébus, d’ailleurs c’est en leur terre, sur les pistes de
l’intérieur que les voleurs de troupeaux sévissent, kalachnikov en main.
Doutons que ce soit les Bara qui se volent aussi violemment entre eux.
Pas de vrais risques sur la grande nationale et
chemin faisant, nous avons croisé quelques « cow-boys» Bara, qui pieds nus
et sans cheval, acheminaient tranquillement leur bêtes en direction du grand
marché aux zébus des mercredi et jeudi matin d’Ambalavao… Ils n’avaient plus
qu’un bon cent kilomètres à parcourir !
Au fur et à mesure de notre avancée à travers un
massif de plus en plus montagneux, du grés cette fois-ci m’a-t’il semblé, la
végétation s’est mise à évoluer, principalement après Ihosy. Une séduisante
petite ville où nous avons pris un café chez une dame avec un très beau visage,
pour devenir plate (la végétation pas la dame) tout juste buissonnante
(toujours la végétation) à la manière de la savane, puis rase comme les grandes
étendues d’Amérique du nord ou d’Amérique du Sud… Et nos presque 250 kilomètres
effectués, nous avons vu poindre à l’horizon une large et dentelée strie bleue,
le Massif de l’Isalo et au pied, le bourg de Ranohira, ville au nom prédestiné
puisque voulant dire « l’eau des lémuriens ».
Nous avons posé nos sacs pour trois nuits.
Une fois l’hôtel réservé et une fois le Guide
rencontré pour organiser nos deux jours de découvertes du Parc de l’Isalo, nous
avons repris la route à travers un véritable décor pour western, afin
de« chopper » à une dizaine de kilomètres, le coucher du soleil au
lieu dit « la fenêtre de l’Isalo », point d’orgue d’une journée bien
chargée.
La fenêtre de l’Isalo est une ouverture rocheuse
naturelle qui s’ouvre sur une plaine de palmiers et de roches aux formes
étranges… L’endroit est si perdu, quasi désert lorsque nous y étions en dehors
d’un couple venu juste au dernier moment avec leur chauffeur, que Maurice, pas
tranquille, a voulu que nous déguerpissions sitôt le soleil disparu.
L’an dernier, des touristes la pétoire sur le
ventre s’y sont faits dépouiller… Bonjour l’ambiance !
Une fois n’est pas coutume, je cite le guide
Gallimard : « Le Parc de l’Isalo recoupe les limites du Massif du
même nom, de formation de grés jurassique que l’érosion a entaillé de profonds
canyons et hérissé de pics aux formes insolites. Dans ce cadre grandiose
alternent plaines herbeuses et déserts de pierres aux formes tourmentées, dont
les couleurs virent du gris métallisé à l’ocre rouge au fil des heures de la
journée. Véritable jardin botanique dans un décor de western, le Parc abrite une
flore et une faune particulièrement adaptées aux escarpements rocheux ».
Voilà ce que nous avons arpenté de 8 heures ce
matin (départ 7 heures 30 à la fraîche) à 15 heures pauses comprises, pour
souffler, pour admirer, pour écouter Honoran notre sherpa du jour, pour faire
trempette dans la rivière juste avant de « cascroûter » dans les rochers
tout en nous amusant avec des lémuriens « makis-cattas »attirés par
nos peaux de banane.
Un moment de grâce.
Tout de même 12 kilomètres au compteur avec
certes du plat une fois dans le massif mais une succession de montées et de
descentes « casse-gueules » même si le chemin est relativement bien
balisé avec de nombreuses marches taillées dans le grès.
Sans parler des « enjambades » de la
rivière sur des rochers limite glissants.
Car le circuit que nous avons fait se nomme
« Circuit de la Namaza », du nom du torrent qui traverse le massif et
avec lequel nous n’avons cessé d’avoir rendez-vous, de piscine en piscine, de
petites chutes d’eau en cascades.
D’autres circuits existent, des cours pour les
groupes qui font un petit tour et puis s’en vont plus loin, et des treks de 2 à
4 jours, tente dans les sacs à dos, pour la jeunesse en quête d’aventure… Avec
30.000 visiteurs par an tout le monde compris, c’est « le spot » de
l’intérieur.
Notre sympathique Honoran a plutôt été prolixe
en explications, nous dénichant les phasmes et les scorpions en passant par les
fourmis, les araignées, chenilles, cocons de soie naturelle etc, nous
expliquant les arbres grands et petits comme l’étonnant baobab pachypodium haut
de 50 centimètres, les plantes normales ou médicinales avec la chose soignée…
Mais rien à prendre sur place pour la fatigue musculaire et le mal aux
pieds !
Nous avons croisé des tombes dans des failles
basses de la roche, fermées par des pierres empilées et nous avons mieux
compris le « retournement des morts » :
Les sépultures rencontrées ne sont que provisoires.
Au bout de trois ans si la famille a les moyens de tuer le zébu pour nourrir
les convives, où quatre voire plus si l’argent manque, la dépouille est
récupérée rituellement, et après ou non un tour de ville, le défunt (ou la
défunte) est amené à la rivière et les os débarrassés du reste des chairs et de
la peau. Bref, le squelette est briqué à souhait avant d’être paré d’un linceul
tout neuf de soie sauvage. Ainsi prêt
pour affronter la nuit des temps, le regretté parent trouve sa place définitive
dans une cavité rocheuse inaccessible pour raison de chapardage, toujours murée
par l’empilement de pierres. Voilà qui est précisé.
Notre dévoué Maurice après nous avoir menés au
pied de l’Isalo ce matin, nous attendait plus au « Nord » à 15 heures
et il nous a encore fallu attendre une bonne demi-heure pour satisfaire notre
profonde envie d’engloutir une grande bière fraîche avant de filer sous la
douche pour revenir à la vie… Ca n’étonnera personne si j’avoue que le reste de
la journée s’est déroulée au radar.
Nous avons payé une fortune en
« ariany » pour 2 jours d’accès au Parc, toute la population locale
en bénéficierait… Pas à regretter pour ça mais pour le reste, qu’est-ce que l’on
peut être « cons » parfois car demain nous remettons ça !
En fait le trip de la journée n’a concerné que la matinée, mais de 8 heures à 13 heures nous avons crapahuté avec pour but la découverte du « Canyon des Makis ».
Pour ce faire, il consiste à remonter une partie
du cours de la même Namaza, un cran plus en amont puisque c’est de ce dernier
défilé qu’elle file vers la plaine avant de se retrouver d’affluent en affluent
dans la Mangoky, l’un des principaux fleuve malgache qui déverse ses eaux en un
vaste delta dans le canal du Mozambique.
Trois quart d’heure pour parcourir une très mauvaise
piste de 17 kilomètres afin d’atteindre (par miracle) une espèce de parking (la
saison des pluies dont nous vivons la fin a été particulièrement destructrice
cette année et le cyclone qui a balayé le « Sud » de Madagascar début
février en a remis une sérieuse couche), puis une bonne demi-heure de marche
pour couvrir les 1500 mètres, sans glisser dans les rigoles d’irrigation des
rizières, pour atteindre le pied du massif, et enfin une bonne heure d’escalade
dans le lit de la rivière pour la remonter le plus haut possible, là où il
aurait fallu avoir des cordes pour continuer.
Bien sûr le retour pour clore la plaisanterie,
pas question de finir nos aventures au fond d’une gorge étroite de 100 mètres
de profondeur au milieu d’un chaos indescriptible de roches de grès qui d’année
en année, du fait d’éboulements continuels, n’en finissent pas de s’entasser au
fond du lit.
Pas étonnant que peu de gens s’aventurent dans
ce truc là !
Un vrai parcours du « combattant »
heureusement ponctué de moments de repos au bord de l’eau vive et d’une
délicieuse baignade dans un creusé d’eau cristalline douchée par une jolie
cascade, au milieu d’un écrin de fougères, de bambous-palmiers et d’arbustes divers,
digne du plus nourri des jardins botaniques.
Pas de lémuriens. Sur le retour de la gorge,
nous n’avons pas eu le courage de courir après eux dans le petit bois de
manguiers où ils vivent, mais sur le parcours « aller » nous avons
fait la connaissance d’un super caméléon de 30 centimètres de long, queue
comprise, et à l’approche du massif, nous avons été surpris par une superbe
envolée de pintades grises et bleues, grosses comme des dindes.
Madagascar est vraiment le Pays de tous les
superlatifs !
La veille, en apprenant que la femme d’Honoran
tenait un petit restaurant malgache, nous lui avions commandé notre repas du
déjeuner et c’est après une bonne douche de remise en forme et nous être changés
(nous étions savamment crottés), que nous avons honoré la goûteuse cuisine de
la Dame d’Honoran en concluant la belle rencontre par le partage du cigare
entre « hommes », des cigares birmans que j’avais achetés l’an passé
à des paysans du lac Inlé.
Il existe deux établissements hôteliers de luxe
à quelques kilomètres du bourg, « le Roy de l’Isalo » et « la
Reine de l’Isalo », deux superbes adresses où les bâtiments de pierres
taillées se fondent avec leurs jardins tropicaux dans le décor de roche, nous
avons été boire notre café dans le premier, avant de jeter un œil admiratif au
second.
Sur la route du retour en ville, une dernière halte à la « Maison de l’Isalo », le petit musée du Parc, nous y avons appris notamment que le massif que nous avons un peu pénétré fait 180 kilomètres de long pour 20 de large avec une altitude qui varie de 515 mètres à 1268 mètres.
Sur la route du retour en ville, une dernière halte à la « Maison de l’Isalo », le petit musée du Parc, nous y avons appris notamment que le massif que nous avons un peu pénétré fait 180 kilomètres de long pour 20 de large avec une altitude qui varie de 515 mètres à 1268 mètres.
Nous étions « à la maison » sur les
coups de 15 heures 30 sans avoir la moindre envie de remettre le nez dehors sauf
à nous traîner à la salle du « zébu grillé », le restaurant de notre hôtel
dit des Orchidées… Moins chic mais très bien aussi.
Demain départ 8 heures pour la côte, Tuléar
(Toliara) mais surtout Ifaty à une vingtaine de kilomètres plus au
« Nord »… Pour 3 jours de calme et de plage au milieu des pêcheurs
Vézo que nous retrouverons après avoir déjà fait leur connaissance à Morondava.
Il me semble reconnaitre les "piscines"... c est dire si on est avec vous !!
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