Dimanche 17/ lundi 18 mars
Les Zafimaniry composent un sous groupe des
Betsiléo de la région d’Antsirabé, ville que nous avons retrouvée hier en fin
d’après-midi, peu nombreux, ils sont composés de quelques milliers d’âmes
seulement, habitant quelques villages reculés dans les forêts du
« Sud-Est » de la ville d’Ambositra que nous avons rejointe vers
midi.
Ambositra (on dit « Amboustr ». A
cause de ces noms à n’en plus finir, la fin des mots passe toujours à la
trappe, pour les prénoms et même les noms c’est carrément la syllabe la plus
chantante qui est usuellement retenue), Ambositra donc, est 90 kilomètres de RN
7 plus au « Sud » suivant une route parcourue « tranquillos »
pour admirer le paysage, et infiniment moins épuisante que celle des 530
kilomètres accomplis hier.
Une route splendide (y compris un macadam
correct), dans le droit fil de la partie découverte au départ deTana, avec pour
résumer une première partie vallonnée composée de rizières en terrasses et une
seconde plus montagneuse où les quelques rizières qui demeurent aux points
d’eaux, tranchent avec les résineux et les blocs de grès il me semble, si le
géologue ignorant que je suis ne fait pas erreur, des gros cailloux en quelque
sorte !
A quelques dizaines de kilomètres, les partisans
des deux derniers Présidents ont fait « mumusent » avec de la
dynamite et ont pété le pont ; Avec nos sous bienveillants, le nouveau est
beau comme tout.
La ville d’Ambositra est dotée de tout, commerces,
administrations, banques, églises, hôtels… Mais s’il y a des riches ils doivent
bien se planquer. Aujourd’hui dimanche, en arrivant, tout le monde était dans
la rue, emplettes sur les trottoirs et au marché, où sortaient des églises d’où
l’on entendait encore des chants qui s’éternisaient.
Les pousse-pousse
« pousse-poussaient » mais les boutiques étaient closes pour la
plupart.
A cette époque de basse saison aucune difficulté
pour trouver une chambre mais par un hasard inouï, le motel convoité était full
et nous nous sommes installés « chez Violette », en redescendant au
bas de la ville, un autre motel finalement parfait, avec de confortables
bungalows, posés dans un jardin et meublés de palissandre.
Dès lors où la ville est à l’endormissement
dominical et que le temps tournait à l’orage et à la pluie, nous avons décidé
de partir seulement une petite heure en début d’après-midi, pour quelques achats
de bouche, et bien vite rentrer paresser le reste de la journée, de diner dans
la piaule d’un reste de pizza de ce midi, d’un gros avocat, et, de mangues et
d’ananas que nous avons achetés avec des goyaves sur la route ce matin.
Nous n’avons pas oublié d’acheter une petite
bouteille de 25 centilitres de rhum, les citrons l’avaient été hier et nous avions
récolté quelques sachets de sucre lors
de nos pauses « expresso ».
Nous trinquerons à la santé de ceux qui se
caillent, une pensée noble non ?
Pour « le culturel », nous sommes entrés
dans une boutique d’artisanat, la principale, pour une première appréciation du
travail des artisans Zafimaniry qui travaillent merveilleusement le palissandre
, tout est palissandre dans cette région, je ne serais même pas étonné que pour
la culture des haricots, que les rames utilisées soient en palissandre !
Ces Zafimaniry sont d’habiles sculpteurs, qui d’ailleurs
n’ont pas eu l’occasion de voir, à la Réunion ou en Métropole, les très belles
boîtes malgaches en marqueterie. ?... C’est précisément dans cette région
qu’elles sont réalisées.
Aujourd’hui lundi, nous quittons le bitume à 15
kilomètres plus au « Sud » et nous crapahutons dans les pierres sur
26 autres kilomètres jusqu’à Antoetra, le plus accessible des villages
Zafimaniry… Mais l’authenticité réclamant plus, nous « trekerons »
pendant 2 heures à travers la forêt pour rejoindre le hameau d’Ifasina.
Voilà le programme sur le papier tel que nous
l’avons projeté de notre fauteuil à Orsay… Le terrain vous ramène parfois à
plus de raison !
Pour le démarrage rien de changé, comme prévu nous
avons déjeuné dans notre bungalow et à 8 heures pétantes, notre barda était
grimpé dans la Toyota. Petite visite de l’atelier de la boutique visitée hier
après-midi, et qui était fermée, mais en dehors d’une petite démo de
marqueterie, tout ça c’est du déjà vu, des pauvres gens travaillant avec des
outils de rien et dans des conditions d’inconfort qu’il semble être nécessaire
de se creuser la tête pour en inventer de pareilles !
Beaux paysages, Anne y est encore allé de son
étonnement, et toujours au spectacle, nous nous sommes retrouvés sur une piste
bien moins inconfortable que celles déjà utilisées. De grimpette en grimpette
nous retrouvons les résineux entre cours d’eaux, rizières et rochers… Beaucoup d’eucalyptus
aussi car de forêts il n’y a plus et les eucalyptus (d’un autre genre que ceux
qui sont plus agréables à fumer que la moquette), plantés en nombre ces
dernières années pour remplacer les palissandres disparus à la fois pour
utilisation locale mais surtout pour répondre à la mode des bois tropicaux.
Ne nous plaignons pas trop, mieux vaut les eucalyptus que les palmiers à huile.
Ne nous plaignons pas trop, mieux vaut les eucalyptus que les palmiers à huile.
Antoetra : Il faut d’abord payer un droit
pour visiter le village, plus le prix du guide pour rejoindre le village perdu
d’Ifasina, nous passons par l’épicerie du lieu où nous achetons des œufs durs
de canard et des petits gâteaux, nous avions la flotte, il était onze heures et
nous sommes partis à l’attaque.
Après avoir, au milieu des cultures vivrières,
plongé au fond d’un vallon, nous nous sommes payés la remontée d’en face sur
une sente défoncée au milieu des cailloux et des eucalyptus, pour nous
retrouver sur la crête au bord de la mort la langue en berne, essoufflés et les
genoux en capilotade dessous un cagnard grandissant.
Au bout de 45 minutes, nous n’étions arrivés qu’au
tiers du chemin, avec trois descentes et deux remontées devant nous sans
compter le chemin de retour, aussi, par instinct de conservation, nous nous
sommes dits que nous nous contenterions de l’authenticité du village du bas…
Toute l’histoire de la fable des « raisins verts ».
D’ailleurs nous avons pris un grand plaisir à
découvrir le mode de vie des Zafiraniry dans la partie ancienne du village
« en bois », un peu à l’écart du centre moins traditionnel bâti en
« en terre », mairie, église et école exclus puisque en ciment.
Petites maisons de palissandre plantées dans la
terre rouge, recouvertes de bambou, toutes noircies par le temps, quelques
tôles rouillées pour les moins pauvres. Des petites fenêtres de bois sculpté,
chaque motif ayant un sens, des sortes de soleil si la maisonnée est faite de
filles, pour les garçons c’est un ciseau, l’instrument de la circoncision
utilisé il n’y a encore peu, la désinfection au jus de banane pour compléter le
rituel… Le jus de banane n’’ayant pas les qualités escomptées pour enrayer la
mortalité, c’est aujourd’hui « le Docteur » qui coupe la bistouquette !
Mais de nos jours comme hier, c’est le chef de
famille qui hérite du prépuce que la tradition lui commande d’avaler avec de la
banane et du rhum… Ce doit être de là que vient probablement l’expression
« prendre une « biture » à mon humble avis !
Chez nos amis, qui bien que catholiques, l’on
conserve aussi au titre des traditions le retournement des morts, vive le
syncrétisme, et tous les trois ans en principe, on extrait du caveau l’ancêtre
à célébrer, on lui fait une toilette pour un petit tour de village avant le
retour dans la tombe… Car n’est pas « Jésus » qui veut pour le retour
au ciel.
Le hasard ne pourra rien pour nous, les
cérémonies se déroulent en septembre/octobre.
Pas de miracle ici, les Zafiraniry sont pauvres
sur un sol mille fois plus riche qu’une terre soit disant
« promise », cherchez l’erreur !
Passage dans une boutique, achat d’un petit
souvenir pour échapper à la horde de gamins-vendeurs dépenaillés… C’est vrai
que leurs sculptures sont habiles mais à l’heure où nous en sommes à faire le
ménage chez nous, ce n’est pas le moment de donner dans l’inutile.
En tout début d’après-midi nous nous installions
au « Sous le soleil de Mada », une sorte de lodge dans un jardin de
fleurs en pleine cambrousse installée en surplomb de rizières, des petits
bungalows de palissandre dans le plus pur style des habitations locales, une
salle de salle à manger pleine de charme, et une terrasse couverte devant un
panorama genre « out of Africa ».
En 2004 Marc et Brigitte, la retraite ayant
sonné, étaient partis pour un tour de monde mais manque de chance la première
étape qu’ils avaient programmé était Madagascar, ce fût la dernière.
Nous avons passé un grand moment de sympathie avec
eux, à parler de nos vies, puis nous avons attaqué un tarot, une heure après
Marc sacrifie à la tradition de la tournée générale avec ses pensionnaires du
moment, un jeune couple d’allemands, trois Italiens dont le beau frère Malgache
du plus âgé et nous.
Rhum arrangé pour tout le monde, nous en
choisissons un premier, puis un deuxième et nous « boirons » le
troisième après le îiner, lors de la revanche au tarot qui nous a tenu jusqu’à
11 heures .
Tous autour d’une grande table commune, les
bières sur la table, « Narine » nous a servi avec son sourire
éclatant, une crêpe-salade au fromage pour débuter et une belle part de tarte
aux pommes en sortie, en résistance, du riz et de la ratatouille dans une jolie
cassolette, et…Des écrevisses quasiment à volonté à se lécher les doigts
et ceux de ses voisins Anna et Benjamin (garçon plein de charme grâce à sa
maman Marocaine), mais nos petits amis Allemands, magistrat débutant pour l’un
et avocate débutante pour l’autre, ont très bien défendu leur cause !
du rhum mélangé avec du citron et du sucre ferait une sorte de boisson apéritive si je comprends bien; il va falloir que je retienne la recette.La désinfection au jus de banane m'intéresse aussi(plutôt que cracher sur mes bistouris)
RépondreSupprimerP
Du bleu, du vert de la COULEUR ça fait du bien parce que l'on est plutôt en manque de tout celà depuis plusieurs mois.....
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