Lundi 11 mars
Ce matin, après avoir quitté samedi le pays des
Mérina -l’ethnie malgache dominante de la région d’Antanarivo et qui du reste régnait
à l’arrivée des Français- en prenant la RN 15 en direction de
« l’Ouest », nous laissions pour quelques jours derrière nous, les
Betsiléo du Pays d’Antsirabé .
Deux ethnies qui affichent physiquement leur
parenté avec celles des Iles de l’Insulinde pour résumer.
Programme routier aujourd’hui avec environ 220
kilomètres pour rejoindre Miandrivazo en territoire des Sakalava, ce qui veut
dire « ceux des longues vallées », une bourgade quelconque sur les
berges de la Tsiribihima. C’est pour elle que nous sommes là, installés dans un
bungalow d’un des deux hôtels possibles de l’endroit, au confort médiocre ,
répondant au nom prédestiné de « La Pirogue »…En sueur après plus de
4 heures de route et malgré notre pose « zébu/frites/petits légumes/bière/coka »
sur la terrasse de l’hôtel, dominant un paysage nous rappelant le Kénya sauf
que c’est plein de flotte partout, la rivière au centre.
Il faut dire que cela fait trois mois qu’il
pleut de façon soutenue à Madagascar et que le « Sud » vers lequel
nous approchons, a subi il y a même pas un mois, un cyclone mémorable pour les
Gens d’ici.
Tout s’est calmé à l’annonce de notre
arrivée !
Ce n’est pas ce nouveau tronçon routier qui peut
démentir celui d’avant-hier, Anne ne tarissait pas d’éloges sur son siège
arrière, que cela soit dit une fois pour toute, elle n’a jamais vu de paysages
plus beaux de par le monde, de quoi nous fâcher avec les aficionados des champs
de betteraves à sucre du « Nord » de chez nous.
D’un autre côté c’est un peu vrai, pas au niveau
de la route où seule l’habileté de Maurice nous évite de passer notre temps à
sauter d’un trou à l’autre, mais au niveau de la vision panoramique à 360° que
nous offre la Toyota. Les images que nous faisons suivre parlent d’elles- mêmes
sauf qu’il faudrait faire un travelling de cinéma pour s’approcher de la
réalité.
Un paysage très voisin que celui que nous avions
découvert entre Tana et notre dernière étape avant de monter de plateaux en
plateaux entre petites montagnes douces (de la montagne à zébus !). Le
paysage virant « au montagneux » s’est fait plus ras, mais toujours
avec des rizières et des cultures maraîchères dans les sillons propices à
l’humidité.
Une géographie de grandeur « à
l’Américaine », pas étonnant que Madagascar entre autres appellations,
soit aussi nommée « l’Ile continent » !
Et puis après avoir flirté avec les 2000 mètres,
nous avons débouché sur l’une des grandes vallées, celle de la Tsiribihina.
La route est œuvre humaine, pour les relier
entre eux, la vie s’organise toujours autour et en ce lundi matin c’était
spectacle. Chaque village faisait « marché » et Maurice, parfois en
ralentissant à peine, est arrivé à n’écraser personne. Pourtant chaque bas-côté
de la chaussée depuis des kilomètres et des kilomètres, avant et après les
villages comme à Bétafo que nous avons traversé à nouveau, recevait des
colonnes d’hommes, de femmes et d’enfants, chargés pour certains comme des
mules, sans compter les vélos, les charrettes à zébus, jusqu’à des espèces de
chariots faits de planches roulant sur des roulements à billes. Tout ce monde
marchant et roulant pour vendre et acheter, convergeait vers les villages.
J’ai oublié les bœufs et zébus, les cochons
roses et/ou noirs traînés au bout d’une ficelle, parfois par un gamin dont la
place aurait mieux été d’être à l’école.
Nous allons étonner tout le monde, tout ce que
nous avons traversé jusqu’à maintenant, est d’une propreté exemplaire : pays
à plat, chaussées et trottoirs en mauvais état, mais propres. Dans les villes
comme dans hameaux de terre, pas un tas d’immondices à déplorer, pas un trou
d’eau sale.
L’eau justement, comme la terre elle est rouge,
et l’on s’y baigne et l’on y fait sa lessive comme ailleurs, rouge et aurifère
et l’on y cherche donc de l’or depuis des générations… Visiblement le résultat
n’est pas probant.
En arrivant nous étions attendus par Ernest que
nous avions déjà eu au téléphone. Ernest est le coordinateur d’un regroupement
de piroguiers et c’est avec l’un deux, et un aide, que nous allons descendre
pendant deux jours et demi la Tsiribihina, avec arrêts dans les villages et
campements sur les berges.
Un classique pour la région, le plaisir est que
nous sommes seuls et que nous serons en pirogue plutôt qu’en chaland. Anne
aurait préféré le contraire, « because » les crocodiles… Aucun
accident n’a jamais été déploré jusqu’à maintenant et de plus aucun d’entre eux
sait que la dame a deux sacs chez elle en peau de la famille…
« Momo » descend par la route et nous
attendra à l’estuaire jeudi en fin de matinée, restera à vous conter
l’aventure.
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