dimanche 24 mars 2013

MANANJARY



Vendredi 22 / samedi 23 mars

Ce matin, Jeannot n’avait pas encore fait son apparition, lorsque sur le départ nous avons salué son épouse avant de prendre la route du centre ville pour mettre notre « blog » à jour. Une heure après, nous disions au revoir aux Antaimoro pour rejoindre vers midi les Antambahoaka, l’une des populations les plus influencées par les arabes, aux mœurs locales proches de celles de leurs voisins sauf que la circoncision est collective et se tient tous les sept ans… Avis aux amateurs, vous pouvez amener votre garçon sous le bras, la prochaine cérémonie est programmée pour 2014.

Autre bizarrerie moins rigolote, « chez ces gens là » la naissance de jumeaux est « tabou » et le second enfant arrivé est systématiquement abandonné devant la première porte venue, et comme tout le monde a des « outils » pour faire des bébés, c’était la mort sûre... Aussi un Centre d’Accueil et de Transit de Jumeaux Abandonnés installé dans la ville les recueille aujourd’hui et les élève au mieux avec l’aide d’une Association française.

Après avoir bien plu durant la nuit, la route s’est faite sous une pluie fine et constante. D’abord sur les 120 kilomètres pour rejoindre plus à l’intérieur le carrefour de jonction qui nous avait permis de bifurquer vers le « Sud », puis à partir de cette patte d’oie, de prendre la branche « nord » pour nous faire retrouver la côte 60 kilomètres plus loin.

Quelques arrêts volontaires au bord de la route pour acheter des fruits, avec les bananes nous avons testé cette fois-ci les « cœurs de bœufs », et puis d’autres pas vraiment souhaités bien que non redoutés, nous nous sommes fait contrôler 3 fois, deux fois par les gendarmes et une petite dernière par les flics arrivés à destination… Un record !

Sinon le paysage est identique pour la première partie, toujours des arbres du voyageurs à foison, mais ensuite, plus de bambous que nous en avions vus jusque là. Et puis les cafiers ont fait leur apparition en nombre à l’approche de Mananjary. Nous sommes de surcroit sur la route des épices avec la vanille, le poivre et le girofle.

Pas grand-chose à faire dans ce bled posé à cheval sur le canal des Pangalanes avec un bourg qui s’étant surtout en longueur entre le canal et l’océan. Raison de notre venue, nous pensions visiter dans l’après-midi une plantation repérée dans notre guide, et perdue en pleine nature, mais le Vasa était « à la ville » et nous n’avons pas fait affaire avec les trois « arbalètes » que nous avons trouvés sur place et qui ont cru que nous allions leur laisser nos « ariany » sans nous mettre « du culturel » sous la dent !

Autre raison du détour, la vanille… Mais rien dans le bled ne fait figure de comptoir de vente, nous verrons demain matin avant de repartir.

Rien ne semble bouger ici en dehors de l’agitation habituelle d’un bourg malgache qui sous le crachin semble enfoncé pour toujours dans un nuage d’humidité… Pas étonnant que le Vasa chez qui nous déjeunions à notre arrivée, nous parlait de 96% de taux d’humidité quasiment à longueur d’année.

L’humidité et la chaleur, car ici les deux vont ensemble, Pierre-Jean s’est installé à Mananjary depuis douze mois, un peu pour cette raison. Aussi pour avoir trouvé ici l’endroit le plus calme de l’île après l’avoir arpentée une année durant. Peut-être enfin que la jolie malgache qui l’accompagne fût pour quelque chose aussi dans son choix car elle a le joli visage rond à la denture éclatante des filles de la région. Notre sympathique garçon de 30 ans environ (enfin une jeune malgache avec un jeune Vasa), originaire des Ardennes et horticulteur de formation, voulait développer à Madagascar des races de pommes de terre originales pour le Pays, il avait fait venir des plans par voie diplomatique nous a-t’il expliqué, sauf que son entreprise a fait flop et que pour se sortir de la purée il s’est alors lancé dans des produits plus classiques tels que les tomates, les carottes, les radis etc… constatant que ces produits venaient des hauts plateaux et arrivaient chers sur les étals de la région.

Bingo, ça marche et non content de la production de son jardin qu’il travaille avec 3 ouvriers, il a racheté un petit resto au-dessus duquel il a aménagé quelques chambres pour les touristes qui viennent ici pour le canal, plus accessible en distance que là d’où nous venions, et qui surtout permet de remonter en plusieurs jours vers le « Nord », suivant des « trips » un peu similaire à notre aventure sur la Tsiribihina.

Il fait si humide que les constructions semblent « bouffées » par la lèpre, les plus récentes comme celles laissées par les Français à l’exemple de l’hôpital qui ressemble à une carcasse de baleine en décomposition. Autre vieux reste de la France, le bâtiment de l’alliance française qui de la route semble être squattée vu l’état de délabrement « de la chose », mais ce n’est même pas certain !

Nous sommes installés chez Roselyne -qui fait marcher l’hôtel pendant que son Vasa de mari est encore dans leur maison des hauts de Cannes- dans un bungalow posé sur une vaste pelouse et sous les cocotiers et de beaux arbres (l’humidité sied à merveille aux plantes), entre rivière et océan… Sûrement un des plus beaux coins de l’endroit. Nous y avons passé la fin de l’après-midi et agréablement diné sans même ressortir. Roselyne, jolie madame de 59 ans, avait envie de parler, de ses origines malgaches et chinoises, de sa vie en France et ici, de ses deux grandes filles, de ses frères et sœurs aux quatre coins du monde.











« Mora Mora » aime à répéter les Malgaches pour faire passer leur lenteur pour de l’art de vivre… Après un petit-déjeuner sous la varangue face à l’océan, devant une pelouse au milieu de laquelle un arbre aux feuilles vernissées trône si majestueusement qu’il ne tiendrait même pas sur notre terrain, nous sommes partis au devant de l’arrivée des pêcheurs que nous voyons poindre sur leur pirogues. Les femmes attentent sur la rive, les bassines à la main.
A l’endroit de notre hôtel, dont le nom évocateur de « Jardin de la mer » n’est pas usurpé, la rivière proche de son estuaire est très large et de nombreuses pirogues font le taxi entre les deux rives. Quelques étals ne manquent pas de proposer quelques denrées, le poisson lorsqu’il arrive.

C’est vers 9 heures bien sonnées que nous avons pris la route de Ranomafana que nous devons retrouver en milieu de journée pour une seconde tentative de visite du Parc si le beau temps prévu demain est au rendez-vous.




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