jeudi 14 mars 2013

MIANDRIVAZO



Lundi 11 mars

Ce matin, après avoir quitté samedi le pays des Mérina -l’ethnie malgache dominante de la région d’Antanarivo et qui du reste régnait à l’arrivée des Français- en prenant la RN 15 en direction de « l’Ouest », nous laissions pour quelques jours derrière nous, les Betsiléo du Pays d’Antsirabé .

Deux ethnies qui affichent physiquement leur parenté avec celles des Iles de l’Insulinde pour résumer.

Programme routier aujourd’hui avec environ 220 kilomètres pour rejoindre Miandrivazo en territoire des Sakalava, ce qui veut dire « ceux des longues vallées », une bourgade quelconque sur les berges de la Tsiribihima. C’est pour elle que nous sommes là, installés dans un bungalow d’un des deux hôtels possibles de l’endroit, au confort médiocre , répondant au nom prédestiné de « La Pirogue »…En sueur après plus de 4 heures de route et malgré notre pose « zébu/frites/petits légumes/bière/coka » sur la terrasse de l’hôtel, dominant un paysage nous rappelant le Kénya sauf que c’est plein de flotte partout, la rivière au centre.

Il faut dire que cela fait trois mois qu’il pleut de façon soutenue à Madagascar et que le « Sud » vers lequel nous approchons, a subi il y a même pas un mois, un cyclone mémorable pour les Gens d’ici.

Tout s’est calmé à l’annonce de notre arrivée !



Ce n’est pas ce nouveau tronçon routier qui peut démentir celui d’avant-hier, Anne ne tarissait pas d’éloges sur son siège arrière, que cela soit dit une fois pour toute, elle n’a jamais vu de paysages plus beaux de par le monde, de quoi nous fâcher avec les aficionados des champs de betteraves à sucre du « Nord » de chez nous.

D’un autre côté c’est un peu vrai, pas au niveau de la route où seule l’habileté de Maurice nous évite de passer notre temps à sauter d’un trou à l’autre, mais au niveau de la vision panoramique à 360° que nous offre la Toyota. Les images que nous faisons suivre parlent d’elles- mêmes sauf qu’il faudrait faire un travelling de cinéma pour s’approcher de la réalité.

Un paysage très voisin que celui que nous avions découvert entre Tana et notre dernière étape avant de monter de plateaux en plateaux entre petites montagnes douces (de la montagne à zébus !). Le paysage virant « au montagneux » s’est fait plus ras, mais toujours avec des rizières et des cultures maraîchères dans les sillons propices à l’humidité. 

Une géographie de grandeur « à l’Américaine », pas étonnant que Madagascar entre autres appellations, soit aussi nommée « l’Ile continent » !

Et puis après avoir flirté avec les 2000 mètres, nous avons débouché sur l’une des grandes vallées, celle de la Tsiribihina.

La route est œuvre humaine, pour les relier entre eux, la vie s’organise toujours autour et en ce lundi matin c’était spectacle. Chaque village faisait « marché » et Maurice, parfois en ralentissant à peine, est arrivé à n’écraser personne. Pourtant chaque bas-côté de la chaussée depuis des kilomètres et des kilomètres, avant et après les villages comme à Bétafo que nous avons traversé à nouveau, recevait des colonnes d’hommes, de femmes et d’enfants, chargés pour certains comme des mules, sans compter les vélos, les charrettes à zébus, jusqu’à des espèces de chariots faits de planches roulant sur des roulements à billes. Tout ce monde marchant et roulant pour vendre et acheter, convergeait vers les villages.

J’ai oublié les bœufs et zébus, les cochons roses et/ou noirs traînés au bout d’une ficelle, parfois par un gamin dont la place aurait mieux été d’être à l’école.

Nous allons étonner tout le monde, tout ce que nous avons traversé jusqu’à maintenant, est d’une propreté exemplaire : pays à plat, chaussées et trottoirs en mauvais état, mais propres. Dans les villes comme dans hameaux de terre, pas un tas d’immondices à déplorer, pas un trou d’eau sale.

L’eau justement, comme la terre elle est rouge, et l’on s’y baigne et l’on y fait sa lessive comme ailleurs, rouge et aurifère et l’on y cherche donc de l’or depuis des générations… Visiblement le résultat n’est pas probant.

En arrivant nous étions attendus par Ernest que nous avions déjà eu au téléphone. Ernest est le coordinateur d’un regroupement de piroguiers et c’est avec l’un deux, et un aide, que nous allons descendre pendant deux jours et demi la Tsiribihina, avec arrêts dans les villages et campements sur les berges.

Un classique pour la région, le plaisir est que nous sommes seuls et que nous serons en pirogue plutôt qu’en chaland. Anne aurait préféré le contraire, « because » les crocodiles… Aucun accident n’a jamais été déploré jusqu’à maintenant et de plus aucun d’entre eux sait que la dame a deux sacs chez elle en peau de la famille…

« Momo » descend par la route et nous attendra à l’estuaire jeudi en fin de matinée, restera à vous conter l’aventure.








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