lundi 8 avril 2013

ANDASIBE



Samedi 6 / dimanche 7 avril

C’est confirmé, Anne a la trouille des serpents et des crocodiles, elle n’aime pas trop les lézards et les caméléons, bien que je sois arrivé à lui faire poser le doigt dessus après les avoir pris en mains (pour le serpent liane ça n’a pas marché), mais les lémuriens en dépit de ses malencontreuses expériences avec les singes de Sumatra, Java et Bali, finalement elle a trouvé ça très « mimine ».

En fait j’aurai pu titrer la page du jour : « Rencontres lémuriennes », car en matière de « Prosimiens », sous ordre des « Primates », nous avons été gâtés aujourd’hui avec la visite de deux Parcs, celui de « Pereyras » de la petite bourgade de Mandraka que nous avons rencontré sur la route, et celui de « Vakona » arrivé à destination, tous les deux des petits parcs « tranquilles » entre aménagement et respect de la nature originelle.

Dans le premier, nous avons approché les « Lémurs marrons » et les « lémuriens sifakas », des lémuriens blancs et marrons foncés. D’abord vu de loin, le guide du parc les a sifflés jusqu’à ce qu’ils viennent nous manger dans la main.

De la banane alors que nous étions dans un environnement de goyaviers, plein de petites goyaves rouges et grosses comme des mirabelles dont ils se nourrissent à l’ordinaire, et à leur exemple nous nous en sommes payés une ventrée avant de poursuivre.

Dans une vaste cage grillagée, plantée d’arbustes divers et dans lesquelles nous sommes entrés, nous avons vu bon nombre d’espèces de caméléons pour notre plus grand émerveillement… Et je ne m’étale pas sur toutes les bestioles présentées d’autre part, qui pour autant ne nous ont pas inspirés pour le déjeuner pris à la suite dans le village d’à côté.
Dans le second, encore des lémuriens, des « lémuriens marrons », des « lémuriens blancs à tête noire » et des « lémuriens bambou », très petits. .. Tous appréciant la banane que nous leur offrions dans la paume de la main.

Le second parc dispose d’une seconde partie, où nous avons pu approcher au plus près des crocodiles, des vrais et des gros en milieu naturel sécurisé. Il faut malgré tout savoir garder les mains dans ses poches, les normes du pays sont loin d’être les nôtres et Anne en avait la respiration bloquée !

Il est vrai que ces témoins vivants des temps préhistoriques sont réellement antipathiques tant elles expriment force et férocité.

Passons sur le reste, oiseaux, grenouilles rouges ou jaunes, minuscules, tortues, etc… Rien que du « gentillet » !

La première question que j’ai posée en partant ce matin à José lorsque j’ai vu le compteur de l’Espace un peu dépenaillée dans laquelle nous embarquions et qui affichait un peu plus de 391000 kilomètres, était de savoir si la bagnole était « ok ». Pas de problème a-t-il aussitôt répondu, depuis que je fais ce métier je n’ai jamais eu de problème… Vamos !

L’habitude à Tana est d’éteindre le moteur dès l’immobilisation dans les embouteillages pour économiser le carburant qui est très cher, ce que fît José dans les dix minutes qui ont suivi. Et puis « rideau », démarrage impossible sauf à nous faire pousser par les passants, et direction l’autre bout de la ville, le quartier des « bricolos » en électricité automobile, c’est comme ça que l’on entretient les voitures ici, les concessions sont trop chères et les pièces d’origine, une fortune.

Après le faux départ : le vrai. Une heure plus tard nous prenions la nationale 2 vers de nouvelles aventures. L’Est » est annoncé comme étant la forêt humide, et c’est bien vrai, et nous avons quitté assez rapidement les « Hautes terres » avec la polyculture et les rizières pour franchir une sorte de frontière naturelle, une rivière importante, pour pénétrer en Pays Bézanozano, province de Tamatave, au paysage plus resserré avec une route qui serpente entre montagnes et défilés à la végétation qui signe effectivement l’influence de l’Océan Indien que l’on sent se rapprocher… Un autre Madagascar et tout aussi intéressant.

De grands arbres, parfois de la forêt dense mais il y a belle lurette que la forêt primaire fût ici débitée en bois d’ébénisterie et de construction. Tamatave n’est pas loin où les bateaux pour l’Europe mouillaient en attente de précieuses cargaisons.

Un palissandre de 30 ans est gros comme mon bras, il lui faut 200 ans pour commencer à intéresser l’industrie du bois, et rien n’a été replanté. Le pillage se poursuit, l’exportation du bois de rose est interdit, il peut seul être travaillé dans le Pays. Un container vient d’être saisi par la douane, son propriétaire n’est autre qu’un ministre en poste !

Comme l’eucalyptus pousse très vite, en 30 ans c’est déjà un grand arbre utilisable, il a été importé d’Australie pour pallier. Il y en a partout et de différentes espèces.

D’ailleurs, l’habitat a changé, les maisons de terre ont rapidement cédé le pas aux maisons de bois, en planches ternes qu’il suffirait presque de passer à la cire d’abeille pour faire des envieux du côté des « bobos » de chez nous !

Andasibé a une très belle gare de l’époque coloniale. Entre Tana et Tamatave « Madarail » gère la ligne essentiellement pour le fret. Ou presque. Quelques bâtiments en dur et le reste est en planche. Ici on l’appelle la « ville  « Western ».

Nichés dans la verdure, nous sommes installés dans un vaste bungalow construit aussi en bois exotiques du sol au plafond, mobilier compris, la terrasse aussi… Très chouette. La qualité du « dodo » à venir est prometteuse !


 















La messe fût « païenne » en ce dimanche matin puisque passée dans une nature bien sauvage, celle de la réserve spéciale d’Analamazaotra du Parc National d’Andasibé.  Le Parc en lui-même est à plus d’une heure de piste, impossible plus au « Nord ». On y fait des randonnées dans un espace de forêt primaire sauvée juste à temps en cette contrée. La réserve est par contre à proximité du bourg, en partie en bordure de rivière.

Le temps de prendre nos entrées et de récupérer un guide, à 8 heures 20 nous nous enfoncions dans la forêt pour une rando de deux heures, accessible à tout le monde sauf aux « culs de jatte » car il faut hors la piste principale, « grimpouiller » un minimum et surtout s’enfiler dans une jungle du genre fournie.

Trois types de lémuriens sont ici visibles, les petits « lémuriens marrons » qui sont un peu partout, certains sont même venus faire des acrobaties à proximité de la salle à manger où nous prenions notre petit-déjeuner ce matin, des « lémuriens sifakas » mais dans la déclinaison « à diadème », et surtout des « Indris » qui sont les vedettes des lieux.

Ce sont les plus gros lémuriens de Madagascar, au pelage blanc avec une tête noire, des membres inférieurs si robustes qu’ils peuvent faire des bonds de 15 mètres, et comme la présence d’une queue pour servir de balancier dans les déplacements ne leur est pas utile, ils n’en n’ont plus… Je vous salue bien bas Mister Darwin !

L’Indri peut peser jusqu’à 15 kilos ce qui n’est rien par rapport à son lointain ancêtre depuis longtemps disparu et qui pouvait en atteindre 200 !

Ils s’expriment par des cris stridents comme leurs « cousins », mais avec plus de force, et c’est ainsi que nous pouvons facilement repérer où logent les familles car dès le réveil le mâle par un cri spécifique, marque son territoire.

Un truc qui ne marche plus chez les Hommes, il ne suffit plus pour une brute de gueuler « comme un veau » pour faire de même, ou de pisser partout comme les chiens… C’est beau la civilisation.

Un deuxième cri leur est bien utile que nous avons distinctement entendu déchirer la forêt, avec deux variantes, celle pour signaler un danger venant du ciel, et l’autre pour un danger venant du sol, la présence d’un « fosa », le plus grand des carnassiers de Madagascar, de la famille des civettes, il peut être gros comme un puma.

Nous en avons vu en cage hier et nous avons bien compris le danger qu’il pouvait représenter pour les lémuriens.

Le troisième cri est celui dit « d’amour », ce genre de truc qui touche tous ceux qui respirent, c’est comme ça que l’on débute pour fonder une famille. Celle des lémuriens varie d’une espèce à l’autre. Chez les Indris, elle peut dénombrer jusqu’à 3 à 5 éléments maximum, parents compris, faut dire que monsieur est monogame, que madame n’a qu’une portée tous les trois ans pour un seul rejeton à la fois, et que les gamins les plus âgés finissent par prendre leur « envol », c’est le cas de le dire, pour fonder famille à leur tour… Un peu comme chez les Singes que nous sommes !

Ces Indris sont particulièrement attachants, d’autant qu’ils sont dotés de quatre mains puissantes surtout celles des membres inférieurs, il est difficile de parler de pieds. Des pinces avec d’un côté, 4 doigts collés par une membrane, et le pouce, énorme, en opposition… Ce qu’étaient les nôtres bien avant qu’Adam vienne troubler les esprits !

Ce Parc National, spécialement la partie « réserve », est le plus visité de Madagascar, des Malgaches et des touristes venus du monde entier. Facile pour les résidents d’en faire un but de We, stop aisé sur la route des plages les plus proches pour les habitants de Tana, incontournable pour les circuits courts des « Tours Opérateurs », à jumeler avec le Parc privé vu hier après-midi, pour offrir une approche sympathique et variée de la gente « Lémur ».

A 10 heures 30 nous rejoignons la nationale 2.
















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