lundi 15 avril 2013

LE PARC NATIONAL ANKARAFANTSIKA


Dimanche 14 / lundi 15 avril

« C’est dur une journée de voiture, surtout quand on n’a pas très bien dormi » vient de lâcher Anne, entre deux tousseries… A 18 heures, allongée sur sa couche, à la fois le nez dans un livre et à la fois menant le combat contre les saloperies volantes et piquantes qui viennent tout droit de la forêt au centre de laquelle nous sommes, celle du Parc National Ankarafantsika… La verdure opaque à 5 mètres de notre porte et de notre fenêtre barreaudée et grillagée, derrière lesquelles nous sommes confinés dans moins de 7m2, wc et douche autant collectifs que déglingués.

A des tuyaux de plomberie en guise de support, scellés de traviole au mur, des moustiquaires pendouillent.

Pas d’autre choix sur place et encore bien heureux d’y avoir trouvé une dernière piaule de libre, mais nous avons l’impression d’être emprisonnés au bagne de l’Ile du Salut où de quelque autre endroit du même acabit, en Colombie, en Thaïlande ou ailleurs !

Nous avons entendu « du monde » à côté, ça rassure. Sinon ça croasse ou coasse, la vie est partout.

La vie justement avait pris possession du bitume en ce dimanche matin, jour de messe et inévitablement jour de marché, petit ou grand… Des scènes auxquelles nous sommes maintenant accoutumés mais toujours aussi plaisantes à partager, le tout est de se faufiler sans accrocher quoi que ce soit et qui que ce soit. Le klaxon n’est pas fait pour les chiens… Enfin pas seulement, pour les volailles de toutes plumes et pour la gente humaine surtout.

Les cinquante premiers kilomètres sont à l’image des « Hauts Plateaux », la végétation devenant rase ensuite sur de vastes paysages de montagne donnant à « l’Ile Rouge » un petit air de Mongolie par instant. Comme disait Faly, pas de problème pour occuper la jeunesse, il y a encore de la surface à cultiver. Beaucoup moins de villages d’ailleurs, qui quand ils existent sont blottis sous d’énormes manguiers, l’arbre qui semble régner en maître dans ce coin de l’Ile. De grandes zones sont inhabitées.

Le passage d’un imposant fleuve aux eaux limoneuses marque le changement de région et d’ethnie, puisque nous retrouvons les Sakalavas, que nous avions déjà « visités » plus bas sur le même littoral. Le sol devient aussi plus rouge, et la végétation change petit à petit, la présence de l’air marin se fait sentir. Le bananier fait son apparition.

La route nationale 4 est bonne, ne boudons pas le compliment d’autant qu’elle se dégradera assez sérieusement passé le carrefour à partir duquel la RN 6 mène à Diégo Suarez. Avec la Toyota retrouvée, et Faly le « boss »,  protégé peut-être par son immunité, nous a « enfilé » les virages avec maestria, traversé les hameaux sans presque ralentir. Pour faire environ 450 kilomètres, nous avons tout de même mis 9 heures à rouler sans compter un arrêt « soupe aux légumes » !

Diner dans la salle à manger ouverte de l’Eco-Lodge, car sur le papier c’est comme ça que cela s’appelle, dans les cris de la forêt.

Pour dormir dans notre gourbi, il faut vraiment être fatigués, génial, nous le sommes !
















Pour nous être réveillés en forme correcte, c’est vraiment que nous étions fatigués. D’ailleurs en venant de boucler nos 6 semaines, nous nous apercevons que nous marquons un peu le pas… Eh oui ma brave Dame c’est qu’on n’a plus 20 ans !

Anne n’avait pas envie de descendre dans le canyon, alors nous l’avons vu d’en haut. Notre petite guide était ravie de nous entendre dire que c’était très beau mais peut-être n’aurait-elle pas dû nous parler de celui du Colorado.

En fait, nous sommes beaucoup plus près des ocres de Roussillon, c’est pour ça que c’est très beau, surtout avec Madagascar en fond d’écran qui vous offre à perte de vue son spectacle géant de montagnes et de plateaux.

Pareil pour le lac sacré, Anne a préféré le faire en bateau, une sorte de plate à moteur, que d’en faire le tour à pied. C’est sûrement par esprit de contradiction que j’aurai bien marché ce matin… peut-être pour évacuer hypocritement les dernières effluves d’alcool !

Il est vrai que l’on nous avait promis les crocodiles mais il est vrai aussi que nous savions ne pas en voir, et nous n’en n’avons pas vu. Cachés dans les jacinthes d’eau qui envahissent ce beau lac dans lequel jadis le Roi des Sakalava et sa petite famille s’est suicidé par noyade plutôt que de se soumettre à la Reine des Imérina. C’est pour ça que notre petite Sakalava de guide nous expliqua que ces eaux étaient sacrées.

En fait ce Parc, avec ses 130.000 hectares est le seul exemple de forêt sèche à feuilles caduques de l’Ouest de l’Ile qui en fait une réserve unique, non seulement ornithologique (et notre ballade sur le lac nous en a apporté la démonstration) mais aussi pour les lémuriens (le circuit optionnel était trop important pour nous intéresser maintenant que nous sommes devenus de grands experts en lémurs !), et de bien d’autres espèces animales, d’insectes… Et même végétales.
D’ailleurs au réveil nous avons découvert tout un ensemble d’infrastructures lié à la recherche scientifique, des chercheurs du monde entier passent par la case « Ankarafantsika » pour leurs travaux.

Des Américains viennent étudier ici même le sort des tortues « Pyxis planicauda » et surtout de la très rare«  Géochelone ». Incroyable non ?
Sachant ça, nous n’avons absolument pas été chagrinés d’avoir payé à prix d’or notre entrée dans le Parc pour deux petites ballades de pas grand-chose, honoré même d’avoir aidé l’Administration malgache à briller à bon compte sur le plan international…

… Et à presque 11 heures nous avons repris la route, la RN 4 en direction de Majunga.

 








3 commentaires:

  1. si je traduis bien, les Sakavins ont passé une nuit en cellule de dégrisement et ils ont finalement retrouvé la banane après avoir payé la caution. Pas étonnant qu'Anne soit un peu fatiguée. Faut vous calmer; comme vous dites, vous n'avez plus 20 ans. Enfin, c'est juste mon avis.
    P

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  2. From Michel Sauvaget...
    Vous avez l'air d'en baver...Courage, et plein de choses à raconter en rentrant...Frat.

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  3. Evitez les crocodiles et les boas parce que s' ils apprennent ce que vous avez mangé en barbecue à Tana, ils vont se venger, avec les poulets cela ne crains rien, mefiez-vous aussi des zébus.
    Lionel

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