Dimanche 14 / lundi 15 avril
« C’est dur une journée de voiture, surtout
quand on n’a pas très bien dormi » vient de lâcher Anne, entre deux
tousseries… A 18 heures, allongée sur sa couche, à la fois le nez dans un livre
et à la fois menant le combat contre les saloperies volantes et piquantes qui
viennent tout droit de la forêt au centre de laquelle nous sommes, celle du Parc
National Ankarafantsika… La verdure opaque à 5 mètres de notre porte et de
notre fenêtre barreaudée et grillagée, derrière lesquelles nous sommes confinés
dans moins de 7m2, wc et douche autant collectifs que déglingués.
A des tuyaux de plomberie en guise de support,
scellés de traviole au mur, des moustiquaires pendouillent.
Pas d’autre choix sur place et encore bien
heureux d’y avoir trouvé une dernière piaule de libre, mais nous avons
l’impression d’être emprisonnés au bagne de l’Ile du Salut où de quelque autre
endroit du même acabit, en Colombie, en Thaïlande ou ailleurs !
Nous avons entendu « du monde » à
côté, ça rassure. Sinon ça croasse ou coasse, la vie est partout.
La vie justement avait pris possession du bitume
en ce dimanche matin, jour de messe et inévitablement jour de marché, petit ou
grand… Des scènes auxquelles nous sommes maintenant accoutumés mais toujours
aussi plaisantes à partager, le tout est de se faufiler sans accrocher quoi que
ce soit et qui que ce soit. Le klaxon n’est pas fait pour les chiens… Enfin pas
seulement, pour les volailles de toutes plumes et pour la gente humaine
surtout.
Les cinquante premiers kilomètres sont à l’image
des « Hauts Plateaux », la végétation devenant rase ensuite sur de
vastes paysages de montagne donnant à « l’Ile Rouge » un petit air de
Mongolie par instant. Comme disait Faly, pas de problème pour occuper la
jeunesse, il y a encore de la surface à cultiver. Beaucoup moins de villages
d’ailleurs, qui quand ils existent sont blottis sous d’énormes manguiers,
l’arbre qui semble régner en maître dans ce coin de l’Ile. De grandes zones
sont inhabitées.
Le passage d’un imposant fleuve aux eaux
limoneuses marque le changement de région et d’ethnie, puisque nous retrouvons
les Sakalavas, que nous avions déjà « visités » plus bas sur le même
littoral. Le sol devient aussi plus rouge, et la végétation change petit à
petit, la présence de l’air marin se fait sentir. Le bananier fait son
apparition.
La route nationale 4 est bonne, ne boudons pas
le compliment d’autant qu’elle se dégradera assez sérieusement passé le
carrefour à partir duquel la RN 6 mène à Diégo Suarez. Avec la Toyota
retrouvée, et Faly le « boss », protégé peut-être par son immunité, nous a
« enfilé » les virages avec maestria, traversé les hameaux sans
presque ralentir. Pour faire environ 450 kilomètres, nous avons tout de même
mis 9 heures à rouler sans compter un arrêt « soupe aux légumes » !
Diner dans la salle à manger ouverte de
l’Eco-Lodge, car sur le papier c’est comme ça que cela s’appelle, dans les cris
de la forêt.
Pour nous être réveillés en forme correcte,
c’est vraiment que nous étions fatigués. D’ailleurs en venant de boucler nos 6
semaines, nous nous apercevons que nous marquons un peu le pas… Eh oui ma brave
Dame c’est qu’on n’a plus 20 ans !
Anne n’avait pas envie de descendre dans le
canyon, alors nous l’avons vu d’en haut. Notre petite guide était ravie de nous
entendre dire que c’était très beau mais peut-être n’aurait-elle pas dû nous
parler de celui du Colorado.
En fait, nous sommes beaucoup plus près des
ocres de Roussillon, c’est pour ça que c’est très beau, surtout avec Madagascar
en fond d’écran qui vous offre à perte de vue son spectacle géant de montagnes
et de plateaux.
Pareil pour le lac sacré, Anne a préféré le
faire en bateau, une sorte de plate à moteur, que d’en faire le tour à pied.
C’est sûrement par esprit de contradiction que j’aurai bien marché ce matin…
peut-être pour évacuer hypocritement les dernières effluves d’alcool !
Il est vrai que l’on nous avait promis les
crocodiles mais il est vrai aussi que nous savions ne pas en voir, et nous n’en
n’avons pas vu. Cachés dans les jacinthes d’eau qui envahissent ce beau lac
dans lequel jadis le Roi des Sakalava et sa petite famille s’est suicidé par
noyade plutôt que de se soumettre à la Reine des Imérina. C’est pour ça que
notre petite Sakalava de guide nous expliqua que ces eaux étaient sacrées.
En fait ce Parc, avec ses 130.000 hectares est
le seul exemple de forêt sèche à feuilles caduques de l’Ouest de l’Ile qui en
fait une réserve unique, non seulement ornithologique (et notre ballade sur le
lac nous en a apporté la démonstration) mais aussi pour les lémuriens (le
circuit optionnel était trop important pour nous intéresser maintenant que nous
sommes devenus de grands experts en lémurs !), et de bien d’autres espèces
animales, d’insectes… Et même végétales.
D’ailleurs au réveil nous avons découvert tout un ensemble d’infrastructures lié à la recherche scientifique, des chercheurs du monde entier passent par la case « Ankarafantsika » pour leurs travaux.
D’ailleurs au réveil nous avons découvert tout un ensemble d’infrastructures lié à la recherche scientifique, des chercheurs du monde entier passent par la case « Ankarafantsika » pour leurs travaux.
Des Américains viennent étudier ici même le sort
des tortues « Pyxis planicauda » et surtout de la très rare«
Géochelone ». Incroyable non ?
Sachant ça, nous n’avons absolument pas été chagrinés d’avoir payé à prix d’or notre entrée dans le Parc pour deux petites ballades de pas grand-chose, honoré même d’avoir aidé l’Administration malgache à briller à bon compte sur le plan international…
Sachant ça, nous n’avons absolument pas été chagrinés d’avoir payé à prix d’or notre entrée dans le Parc pour deux petites ballades de pas grand-chose, honoré même d’avoir aidé l’Administration malgache à briller à bon compte sur le plan international…
si je traduis bien, les Sakavins ont passé une nuit en cellule de dégrisement et ils ont finalement retrouvé la banane après avoir payé la caution. Pas étonnant qu'Anne soit un peu fatiguée. Faut vous calmer; comme vous dites, vous n'avez plus 20 ans. Enfin, c'est juste mon avis.
RépondreSupprimerP
From Michel Sauvaget...
RépondreSupprimerVous avez l'air d'en baver...Courage, et plein de choses à raconter en rentrant...Frat.
Evitez les crocodiles et les boas parce que s' ils apprennent ce que vous avez mangé en barbecue à Tana, ils vont se venger, avec les poulets cela ne crains rien, mefiez-vous aussi des zébus.
RépondreSupprimerLionel