samedi 20 avril 2013

LA ROUTE DE DIEGO





Mercredi 17 / jeudi 18 avril
Départ 8 heures 15, arrivée 18 heures 45, soit environ 11 heures de roulage réel pour un record d’environ 650 kilomètres, voilà les chiffres de la journée… Une bonne performance mais si les premiers 150 kilomètres pour rejoindre l’embranchement avec la nationale 6 sont en mauvais état, le reste est du billard grâce à l’Union Européenne qui a financé l’opération en 2008. Le dernier chantier réalisé avant « la crise » !
Dès lors où nous ne sommes ni en Patagonie, ni en Sibérie, en 650 kilomètres le paysage change forcément. Après avoir quitté la côte, nous avons retrouvé un paysage à végétation rase avec les palmiers satranas, et des villages dans des nids de végétation avec principalement des manguiers, et des hameaux de cahutes de branchages et de terre, recouvertes de feuilles de satranas justement.
Il y a toujours beaucoup de monde sur les routes le matin et nous avons dû souvent jouer à l’esquive avec les charrettes à zébus, charges de marchandises et de familles allant les vendre aux marchés. Avec les « bébettes » et je ne sais pour quelle raison mais ce matin, les couleuvres et les caméléons avaient décidé de traverser devant nos roues.
Lors de notre remontée vers le « Nord », nous avons traversé de nombreuses zones humides, où les rizières ont refait leur apparition, et la nationale 6 nous a offert une belle série de radiers importants signifiant que la route est coupée en multiples endroits au plus fort des saisons des pluies. Les habitants n’ont alors pas d’autres solutions que de ressortir les pirogues.
Initialement notre route devait être plus courte, mais hier nous avons décidé de mettre « le paquet » et d’aller jusqu’à Ambanja, grosse bourgade du « Nord », l’étape avant l’option « Nosy Bé », où nous finirons nos aventures dans quelques jours.
Ambanja est au centre de la région du cacao dont la découverte est au programme de la matinée de demain.
Nous sommes en montagne, reliefs que nous avons abordés il y a quelques dizaines de kilomètres, une montagne de latérite que nous avons vu venir de loin, extrémité d’une chaîne « barrant » le « Nord » de l’Ile avant de filer vers le « Sud », vers Fort Dauphin, comme une cordillère… Malgache !
Verte, très verte puisque nous sommes à nouveau en zone battue des vents océaniques, l’arbre du voyageur a refait surface si je puis dire.
Nous l’attendions au virage, et au sortir de l’un deux, en fin d’après-midi, c’est enfin arrivé. Jusqu’à maintenant, nous les avions trouvés un peu paresseux, laxistes peut-être, probablement que tout simplement, le « Nord » exige moins de contrôles que le « Sud », ceux des taxis-brousses qui ne seraient pas souvent à jour de licence et autres papiers, fréquemment en surcharge.
Le pandore le doigt en avant, nous voyant venir de loin, nous intima donc de nous garer pour nous contrôler. Le « garde à vous » est venu comme un geste automatique, le petit doigt sur la couture du pantalon, un sourire confus au coin des lèvres que Faly, en deux mots, a libéré en large sourire… Et nous sommes repartis.
C’est que notre Colonel de chauffeur, tout en étant pas un chauffeur normal puisque Chef d’une entreprise comprenant 7 véhicules avec l’équipe de chauffeurs qui vont avec, et ça tourne, n’est pas non plus un Colonel de Gendarmerie lambda.  Un premier de la classe, un des meilleurs de l’Académie militaire, devenu un brillant Officier de l’Etat major de la Gendarmerie Nationale malgache qui pour avoir servi avec fidélité et dévouement la République, et alors que le grade de Général lui était en toute logique promis, a été mis à l’écart à la suite du coup d’état de 2009.
Défiance totale pour l’homme qui était ni plus ni moins le Chef de la sécurité de l’ancien Chef de l’Etat, qui jusqu’au bout l’a protégé en lui permettant et organisant  la fuite pour l’Afrique du Sud.
Quelques uns de ses anciens copains félons ont eu les étoiles en guise de récompense, et Faly intègre s’est retrouvé sans affectation et cependant sans mise à la retraite comme si on le considérait comme recours au rétablissement de la démocratie.
Le nouveau Président est un « branleur » de 35 ans que la carrière courte de« DJ » a propulsé par « populisme » à la tête de la Mairie de Tana et que « Monsieur Sarkozy » a avancé comme pion en lui « achetant » le soutien de quelques régiments, pour faire basculer la politique économique malgache en faveur de la France alors que son Prédécesseur, réélu pour une deuxième présidence, s’était révélé pro-Américain et pro-Chinois… Le crime mais surtout un scandale pour Total mis en difficulté dans l’île !
Résultat de la manœuvre des délicats « penseurs » de la « francafrique » et de ses barbouzes… Boycott international et gel de toutes les aides à Madagascar qui aussitôt a plongé dans une crise profonde, et notre « petit machiavel en culotte courte » qui se croyait le Génie en stratégie internationale, le copain intime d’Obama, en a été pour ses frais…Et ceux des Malgaches. S’il veut venir à Madagascar, le petit Nicolas a intérêt à mettre un faux nez et de grosses lunettes !
C’est pour cela que la RN 6 est le dernier chantier routier et que tout se meurt ici… En attendant, de nouvelles élections sont programmées mais retardées de mois en mois, l’on parle d’octobre maintenant, la difficulté est de faire voter sans manipulations un peuple dont plus de 70% est analphabète !
Que l’on se rassure, analphabète ne veux pas forcément dire malheureux, le suicide n’existe pas à Madagascar !
Avis aux amateurs pour les détails, nous connaissons tout, ou presque, de la politique malgache.
Nous sommes arrivés à la nuit à Ambanja, ville étape entre le « Sud » et le « Nord » pour ceux qui le lendemain matin veulent s’embarquer pour Nosy Bé le lendemain matin. L’embarcadère est à 17 kilomètres à « l’Ouest ».
La belle route est terminée, le financement de la Communauté Européenne n’ayant pas pu couvrir la réfection totale de la nationale 6 pour cause de dépassement de budget. Comme par désenchantement les trous ont refait leur apparition à quelques dizaines de kilomètres d’Ambanja, et il a fallu slalomer entre les charrettes à zébus, véritables petits tombereaux dans la région, et les vélos qui ont fait leur apparition.
Hôtel sans âme affichant pourtant une étoile, dîner dans une gargote malgache à la lumière de la bougie pour un délestage qui sera de courte durée, nuit médiocre au souffle d’un ventilateur vibrant comme un Dakota. Anne a mal dormi, pour moi ce fût mieux, ma sciatique se calme.

    




     
     



                                               
Ambanja s’est révélée au réveil être véritablement le carrefour de toutes les animations. Du monde partout dans un ballet de taxis-brousses se frayant le passage dans un magma d’étals de produits en tout genre… Marché partout, marché de tout, c’est ici que les commerces, les restaurants et les hôtels de Nosy Bé viennent s’approvisionner.
Madeleine nous a fait passer un grand moment ce matin.
En faisant le grand saut kilométrique d’hier, Faly nous avait concoctés, sans trop d’explications, un rendez-vous d’exception. Sur la route de l’embarcadère précisément, à une poignée de kilomètres,nous nous sommes retrouvés-à la « Plantation Millot ». Bien qu’ayant « monté » notre voyage avec attention, je n’avais pas repéré le sujet pourtant « incontournable » !
Pris en défaut, allez savoir pourquoi, aucun guide de voyage, que ce soit le Lonely, le Routard et le Hachette, n’en parlent. Rien vu sur les forums non plus !
Les Millot sont des vieux Colons qui de père en fils gèrent une Plantation de 1500 hectares qui emploie rien de moins que 800 à 1200 personnes suivant la saison. De beaux bâtiments « coloniaux », blancs à arcades, plantés au milieu de grands arbres. En fermant les yeux nous remontons aux années 30, là-bas sous les tropiques.
L’exploitation est gérée depuis 18 ans par un Vasa marié à Magdalena, dite Mado la Camerounaise pour des raisons si évidentes qu’il n’est pas nécessaire d’expliquer. Une copine de notre « diable » de Faly qui nous a sautés au cou à peine arrivés.
A dire vrai la bonne adresse n’est pas si inconnue que cela; deux couples de Vasa installés à Nosy Bé d’un côté, et un petit groupe de Bayard Presse avec leurs guides et chauffeurs d’autre part, venus découvrir Madagascar en 10 jours, sont venus nous rejoindre
Production principale depuis les origines : le cacao et son traitement jusqu’à l’expédition des fèves en direction de la France, le cacao de Madagascar serait un des meilleurs au monde, merci aux Portugais que l’auraient introduit dans l’Ile.
Productions secondaires : d’une part de nombreuses épices dont le poivre, la vanille, le quatre-épices (qui n’est pas le mélange de 4 épices mais tout simplement une plante dont la feuille hachée menue réunie à elle seule l’arôme de 4 épices), la citronnelle et j’en passe des plus parfumées. D’autre part du café pour les US. Enfin diverses plantes destinées à produire des huiles essentielles, ce qui est fait sur place, dont le fameux Ylang-Ylang, et la distillerie d’Ambanja est l’une des plus connues. Fallait le savoir !  
Mado dans un numéro à « l’Africaine » dont tout le monde imaginera le brio, nous fera découvrir « ses arbres » et « ses arbustes », de la récolte à la transformation en passant par le séchage, la distillation et l’élaboration des huiles essentielles, celle du ylang-ylang bien entendu mais aussi celle du poivre par exemple… Et pour clore la belle matinée de promenade, elle nous a concocté un déjeuner qui se révéla un vrai régal de gastronomie, avec un gâteau au chocolat à sa manière et un rhum arrangé-cacao avec un goût de « reviens’y » que nous avons largement satisfait !
Pour reprendre la route, Faly est resté sobre, et ainsi en allant droit il a pu négocier tous les virages, éviter tous les trous, se faufiler entre les villageois qui ont pris, ici comme ailleurs, possession du bitume… Certainement même avant qu’il existe !
Toujours une route entre plaine semi-humide, plateaux de savane, et de parties boisées, aussi avons-nous évolué proche de l’océan jusqu’au village de Mahamasina, à l’entrée « Est » du Parc National d’Ankàrana. Nous nous y sommes installés en fin d’après-midi dans un grand bungalow à toit de tôle, sur une colline déboisée en surplomb d’un paysage « à la Kenyane» qui n’aurait pas déplu à Karen Blixen.
Avec un peu d’imagination.
 
   



     






                  

2 commentaires:

  1. Bonjour, sympa l'article ! il n'y a en effet qu'un seul guide de voyage qui parle de Mado la Camerounaise et sa plantation, le Petit Futé, qui est de loin le meilleur sur Madagascar. Bonnes aventures futures à vous !

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  2. Bonjour,

    merci pour les infos et photos que vous avez publié sur mada.
    Avec ma femme Nous partons jeudi 27/08/2015 pour un périple de 3 semaines. De tana nous allons remonter vers diégo en passant par ste marie et le parc de Masoala.
    Avez vosu un contact d'un guide pour le norD de mada?
    Je vous remercie d'avance
    Mon email richichenai@hotmail.com
    Richard et flo

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