Départ 8 heures 15, arrivée 18 heures 45, soit
environ 11 heures de roulage réel pour un record d’environ 650 kilomètres, voilà
les chiffres de la journée… Une bonne performance mais si les premiers 150
kilomètres pour rejoindre l’embranchement avec la nationale 6 sont en mauvais
état, le reste est du billard grâce à l’Union Européenne qui a financé
l’opération en 2008. Le dernier chantier réalisé avant « la
crise » !
Dès lors où nous ne sommes ni en Patagonie, ni
en Sibérie, en 650 kilomètres le paysage change forcément. Après avoir quitté
la côte, nous avons retrouvé un paysage à végétation rase avec les palmiers
satranas, et des villages dans des nids de végétation avec principalement des
manguiers, et des hameaux de cahutes de branchages et de terre, recouvertes de
feuilles de satranas justement.
Il y a toujours beaucoup de monde sur les routes
le matin et nous avons dû souvent jouer à l’esquive avec les charrettes à
zébus, charges de marchandises et de familles allant les vendre aux marchés.
Avec les « bébettes » et je ne sais pour quelle raison mais ce matin,
les couleuvres et les caméléons avaient décidé de traverser devant nos roues.
Lors de notre remontée vers le
« Nord », nous avons traversé de nombreuses zones humides, où les
rizières ont refait leur apparition, et la nationale 6 nous a offert une belle
série de radiers importants signifiant que la route est coupée en multiples
endroits au plus fort des saisons des pluies. Les habitants n’ont alors pas
d’autres solutions que de ressortir les pirogues.
Initialement notre route devait être plus courte,
mais hier nous avons décidé de mettre « le paquet » et d’aller
jusqu’à Ambanja, grosse bourgade du « Nord », l’étape avant l’option
« Nosy Bé », où nous finirons nos aventures dans quelques jours.
Ambanja est au centre de la région du cacao dont
la découverte est au programme de la matinée de demain.
Nous sommes en montagne, reliefs que nous avons
abordés il y a quelques dizaines de kilomètres, une montagne de latérite que nous
avons vu venir de loin, extrémité d’une chaîne « barrant » le
« Nord » de l’Ile avant de filer vers le « Sud », vers Fort
Dauphin, comme une cordillère… Malgache !
Verte, très verte puisque nous sommes à nouveau
en zone battue des vents océaniques, l’arbre du voyageur a refait surface si je
puis dire.
Nous l’attendions au virage, et au sortir de
l’un deux, en fin d’après-midi, c’est enfin arrivé. Jusqu’à maintenant, nous
les avions trouvés un peu paresseux, laxistes peut-être, probablement que tout
simplement, le « Nord » exige moins de contrôles que le
« Sud », ceux des taxis-brousses qui ne seraient pas souvent à jour
de licence et autres papiers, fréquemment en surcharge.
Le pandore le doigt en avant, nous voyant venir
de loin, nous intima donc de nous garer pour nous contrôler. Le « garde à
vous » est venu comme un geste automatique, le petit doigt sur la couture
du pantalon, un sourire confus au coin des lèvres que Faly, en deux mots, a
libéré en large sourire… Et nous sommes repartis.
C’est que notre Colonel de chauffeur, tout en
étant pas un chauffeur normal puisque Chef d’une entreprise comprenant 7
véhicules avec l’équipe de chauffeurs qui vont avec, et ça tourne, n’est pas
non plus un Colonel de Gendarmerie lambda.
Un premier de la classe, un des meilleurs de l’Académie militaire,
devenu un brillant Officier de l’Etat major de la Gendarmerie Nationale malgache
qui pour avoir servi avec fidélité et dévouement la République, et alors que le
grade de Général lui était en toute logique promis, a été mis à l’écart à la
suite du coup d’état de 2009.
Défiance totale pour l’homme qui était ni plus
ni moins le Chef de la sécurité de l’ancien Chef de l’Etat, qui jusqu’au bout
l’a protégé en lui permettant et organisant
la fuite pour l’Afrique du Sud.
Quelques uns de ses anciens copains félons ont
eu les étoiles en guise de récompense, et Faly intègre s’est retrouvé sans
affectation et cependant sans mise à la retraite comme si on le considérait
comme recours au rétablissement de la démocratie.
Le nouveau Président est un
« branleur » de 35 ans que la carrière courte de« DJ » a
propulsé par « populisme » à la tête de la Mairie de Tana et que « Monsieur
Sarkozy » a avancé comme pion en lui « achetant » le soutien de
quelques régiments, pour faire basculer la politique économique malgache en
faveur de la France alors que son Prédécesseur, réélu pour une deuxième
présidence, s’était révélé pro-Américain et pro-Chinois… Le crime mais surtout
un scandale pour Total mis en difficulté dans l’île !
Résultat de la manœuvre des délicats
« penseurs » de la « francafrique » et de ses barbouzes…
Boycott international et gel de toutes les aides à Madagascar qui aussitôt a
plongé dans une crise profonde, et notre « petit machiavel en culotte
courte » qui se croyait le Génie en stratégie internationale, le copain
intime d’Obama, en a été pour ses frais…Et ceux des Malgaches. S’il veut venir
à Madagascar, le petit Nicolas a intérêt à mettre un faux nez et de grosses
lunettes !
C’est pour cela que la RN 6 est le dernier
chantier routier et que tout se meurt ici… En attendant, de nouvelles élections
sont programmées mais retardées de mois en mois, l’on parle d’octobre
maintenant, la difficulté est de faire voter sans manipulations un peuple dont
plus de 70% est analphabète !
Que l’on se rassure, analphabète ne veux pas
forcément dire malheureux, le suicide n’existe pas à Madagascar !
Avis aux amateurs pour les détails, nous
connaissons tout, ou presque, de la politique malgache.
Nous sommes arrivés à la nuit à Ambanja, ville
étape entre le « Sud » et le « Nord » pour ceux qui le
lendemain matin veulent s’embarquer pour Nosy Bé le lendemain matin.
L’embarcadère est à 17 kilomètres à « l’Ouest ».
La belle route est terminée, le financement de
la Communauté Européenne n’ayant pas pu couvrir la réfection totale de la
nationale 6 pour cause de dépassement de budget. Comme par désenchantement les
trous ont refait leur apparition à quelques dizaines de kilomètres d’Ambanja,
et il a fallu slalomer entre les charrettes à zébus, véritables petits
tombereaux dans la région, et les vélos qui ont fait leur apparition.
Hôtel sans âme affichant pourtant une étoile, dîner
dans une gargote malgache à la lumière de la bougie pour un délestage qui sera
de courte durée, nuit médiocre au souffle d’un ventilateur vibrant comme un
Dakota. Anne a mal dormi, pour moi ce fût mieux, ma sciatique se calme.
Ambanja s’est révélée au réveil être véritablement
le carrefour de toutes les animations. Du monde partout dans un ballet de
taxis-brousses se frayant le passage dans un magma d’étals de produits en tout
genre… Marché partout, marché de tout, c’est ici que les commerces, les
restaurants et les hôtels de Nosy Bé viennent s’approvisionner.
Madeleine nous a fait passer un grand moment ce
matin.
En faisant le grand saut kilométrique d’hier,
Faly nous avait concoctés, sans trop d’explications, un rendez-vous d’exception.
Sur la route de l’embarcadère précisément, à une poignée de kilomètres,nous nous
sommes retrouvés-à la « Plantation Millot ». Bien qu’ayant
« monté » notre voyage avec attention, je n’avais pas repéré le sujet
pourtant « incontournable » !
Pris en défaut, allez savoir pourquoi, aucun
guide de voyage, que ce soit le Lonely, le Routard et le Hachette, n’en parlent.
Rien vu sur les forums non plus !
Les Millot sont des vieux Colons qui de père en
fils gèrent une Plantation de 1500 hectares qui emploie rien de moins que 800 à
1200 personnes suivant la saison. De beaux bâtiments « coloniaux »,
blancs à arcades, plantés au milieu de grands arbres. En fermant les yeux nous
remontons aux années 30, là-bas sous les tropiques.
L’exploitation est gérée depuis 18 ans par un
Vasa marié à Magdalena, dite Mado la Camerounaise pour des raisons si évidentes
qu’il n’est pas nécessaire d’expliquer. Une copine de notre
« diable » de Faly qui nous a sautés au cou à peine arrivés.
A dire vrai la bonne adresse n’est pas si
inconnue que cela; deux couples de Vasa installés à Nosy Bé d’un côté, et un
petit groupe de Bayard Presse avec leurs guides et chauffeurs d’autre part,
venus découvrir Madagascar en 10 jours, sont venus nous rejoindre
Production principale depuis les origines :
le cacao et son traitement jusqu’à l’expédition des fèves en direction de la
France, le cacao de Madagascar serait un des meilleurs au monde, merci aux
Portugais que l’auraient introduit dans l’Ile.
Productions secondaires : d’une part de
nombreuses épices dont le poivre, la vanille, le quatre-épices (qui n’est pas
le mélange de 4 épices mais tout simplement une plante dont la feuille hachée
menue réunie à elle seule l’arôme de 4 épices), la citronnelle et j’en passe
des plus parfumées. D’autre part du café pour les US. Enfin diverses plantes
destinées à produire des huiles essentielles, ce qui est fait sur place, dont
le fameux Ylang-Ylang, et la distillerie d’Ambanja est l’une des plus connues.
Fallait le savoir !
Mado dans un numéro à « l’Africaine »
dont tout le monde imaginera le brio, nous fera découvrir « ses
arbres » et « ses arbustes », de la récolte à la transformation
en passant par le séchage, la distillation et l’élaboration des huiles
essentielles, celle du ylang-ylang bien entendu mais aussi celle du poivre par
exemple… Et pour clore la belle matinée de promenade, elle nous a concocté un
déjeuner qui se révéla un vrai régal de gastronomie, avec un gâteau au chocolat
à sa manière et un rhum arrangé-cacao avec un goût de « reviens’y »
que nous avons largement satisfait !
Pour reprendre la route, Faly est resté sobre,
et ainsi en allant droit il a pu négocier tous les virages, éviter tous les
trous, se faufiler entre les villageois qui ont pris, ici comme ailleurs,
possession du bitume… Certainement même avant qu’il existe !
Toujours une route entre plaine semi-humide,
plateaux de savane, et de parties boisées, aussi avons-nous évolué proche de
l’océan jusqu’au village de Mahamasina, à l’entrée « Est » du Parc
National d’Ankàrana. Nous nous y sommes installés en fin d’après-midi dans un
grand bungalow à toit de tôle, sur une colline déboisée en surplomb d’un
paysage « à la Kenyane» qui n’aurait pas déplu à Karen Blixen.
Avec un peu d’imagination.
Bonjour, sympa l'article ! il n'y a en effet qu'un seul guide de voyage qui parle de Mado la Camerounaise et sa plantation, le Petit Futé, qui est de loin le meilleur sur Madagascar. Bonnes aventures futures à vous !
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimermerci pour les infos et photos que vous avez publié sur mada.
Avec ma femme Nous partons jeudi 27/08/2015 pour un périple de 3 semaines. De tana nous allons remonter vers diégo en passant par ste marie et le parc de Masoala.
Avez vosu un contact d'un guide pour le norD de mada?
Je vous remercie d'avance
Mon email richichenai@hotmail.com
Richard et flo