lundi 1 avril 2013

IFATY


Vendredi 29, samedi 30, dimanche 31 mars et lundi 1 avril

Malheureusement pour les pêcheurs Vézo, ou heureusement va t’on savoir, leur village de cahuttes était installé au bord d’une superbe plage de sable doré (ou presque) à l’ombre de cocotiers et de filaos, tout ce que Tuléar n’a pas… Moralité, avec Anakao, village en symétrie au « Sud », Mangily rebaptisé Ifaty par les Vasa, au « Nord », est devenu le rendez-vous « balnéaire » du « Sud-Ouest » de Madagascar.

Mais pour arriver à ce « bout du monde », en dehors de descendre d’un vol intérieur sur la piste de Tuléard, il faut parcourir les presque 930 kilomètres de la nationale 7 en évitant les trous pour conserver ses quatre roues, et dans un cas comme dans l’autre, se « bouffer » en plus le sable et la poussière d’une piste défoncée pendant 22 autres kilomètres, une piste rendue encore plus difficile par le cyclone de début février qui ravagea la région laissant quelques dizaines de morts derrière lui, un axe cependant fréquenté par tous les taxi-brousses bondés de passagers et de marchandises et qui remontent la côte ; par les charrettes à zébus qui ont fait leur réapparition ; les troupeaux de chèvres et de zébus, sans oublier les 4x4 des Vasa dont l’activité première, au moins pour nos vieilles badernes, est de traîner leur désoeuvrement d’un endroit à l’autre pour y dépenser en rhums arrangés leurs modestes retraites, tout de suite « royales » en ces terres exotiques.

Au fur et à mesure que la bordure côtière s’est construite de bungalows hôteliers et de restaurants à touristes, le petit village de pêcheurs des origines, en arrière plan, est devenu un vrai bourg de cahutes, l’argent des Vasa attirant toutes les convoitises.

Maurice nous a fait le tour du panel hôtelier qu’il a jugé utile de nous présenter et nous nous sommes installés, boudant la vétusté de la plupart des établissements, dans un chic endroit après que Anne ait tordu le coup au tarif de Patrick, le proprio… Moins 40% !

C’est encore la basse saison et sur sa capacité d’une bonne douzaine de bungalows nous sommes ce soir les seuls clients de son établissement.

Par contre, le resto d’à côté nous étant paru sympathique, c’est là que nous avons dîné et passé un bon moment à discuter avec son patron, un breton qui a bourlingué sur tous les théâtres d’opérations d’Afrique, du Tchad à la Centre-Afrique, il a vécu les aventures de Bocassa Ier, et qui après deux divorces est venu trouver du réconfort auprès d’un « jolie » Vézo… Et l’un de ses deux garçons venu le voir en a ramené une autre sous le bras en Métropole.

Et vive le métissage entre les coeurs, à bas les « aryanismes » imbéciles !







Il fait chaud, très chaud et la nuit fût difficile. C’est bien d’avoir un ventilo encore faut-il avoir de l’électricité et la  basse saison signifie aussi que les groupes électrogènes tournent au ralenti, et pas vraiment la nuit, conséquence j’ai commencé par émailler notre première nuit par deux douches froides en plus de celle pour nous mettre au lit… Je ne sais vraiment pas comment ils font pour avoir tant de gosses !
Notre programme se résumant à ne rien faire, nous n’avons donc rien fait d’autre que de nous plonger dans la lecture, vautrés sur les lits de plage, de faire trempette dans l’océan et dans la petite piscine pour Anne.
Barbecue chez Freddy tous les samedi soir, Maurice nous y a donc entrainés pour une soirée sympa avec un orchestre d’instruments de balsa et de fil de pêche, et quatre danseuses qui faisaient un concours de remuage de popotins, tout le monde chantant des airs locaux qui ne devaient pas tous raconter la même chose contrairement aux apparences auditives.
En escapade pour le we vers le « Nord », Guillaume (le Bœuf) est passé et est venu nous saluer chaleureusement… Déjà presque « un pote ».
Nous avons apprécié les huîtres locales (des coquilles grandes comme la dernière phalange du pouce et une bête grosse comme l’ongle, en surface comme en épaisseur)… Surtout mo,i car Anne les a dégustées avec le sentiment de risquer l’hospitalisation.
Très iodées.







Une douche et on dort, on sue à couler comme un robinet et une douche et on dort…Bref nous sommes sortis de la seconde nuit toujours vivants.

Ce matin nous avons choisi d’aller faire une petite marche dans la « forêt des baobabs », l’une des trois attractions « à faire » avec le « tour de pirogue » et la visite au « village des tortues  terrestres » que nous n’avons pas l’intention de découvrir… Comme dit Anne, « la pirogue j’ai donné » et les tortues « je connais » !

Soit dit en passant, pour les amateurs de plongée ou de pêche au gros, je parle de poissons pas des Vasa (quoique !), tout peut s’envisager ici.

Les baobabs donc et la ballade était très sympa, d’autant que nous avons fait le chemin jusqu’au parc dans notre « auto » et avec « notre chauffeur » plutôt que de se faire secouer les reins pendant une heure dans une charrette à zébus, le clou de l’expédition paraît-il… Une plaisanterie qui ne nous amuse plus vraiment.
Une jolie forêt au milieu du bush qui caractérise la région, de drôles d’arbres mi-plantes grasses, encore appelés « arbres pieuvres » et même « arbres boussoles » car leurs espèces de ramures indiqueraient le « Sud-Ouest », des balsas en quantité et surtout les 7 sortes de baobabs sur les 7 existantes dans le monde dont 6 endémiques de l’île.

Le petit tour d’une heure nous a permis d’en rencontrer 5, ce qui n’est pas si mal pour des gens venus ici pour se mettre la cervelle au repos.

Retenons les beaux baobabs « bouteille » dont le tronc (comme ceux des autres), est fibreux à l’intérieur comme une éponge, donc gorgé d’eau… Mais plus gros en forme de grosse bouteille mon cher Watson !

Il y a aussi des lémuriens mais en version nocturne, le jour ils sont planqués pour dormir… Chacun faisant comme il le souhaite !

Petit tour de village, petit morceau de messe de pâques, et déjeuner un peu plus loin dans un resto de plage, servi par une charmante toulousaine, photographe en fuite de morosité hexagonale, café sur le retour chez le breton, et après-midi « chez nous » pour nous replonger dans le même vide sidéral que la veille, avec comme sport unique dès que l’on veut arpenter le sable, d’échapper aux petites vendeuses de paréos et de souvenirs, aux offres de ballade en pirogue et de déjeuner de langoustes improvisé sur un coin de plage… Tout ce petit monde étant complètement adorable par ailleurs.

We de Pâques oblige, une famille de Tana a débarqué et on espère un plus du côté électricité !

Dîner chez le breton rien que pour retrouver sa petite serveuse, charmante, espiègle et roulant les « r » d’un français remarquable … Que faire à Tuléar lorsqu’en seconde année d’université les profs désertent faute de ne pas avoir été payés depuis 6 mois.

Un cœur à prendre, elle a 22 ans et se prénomme je ne sais plus comment mais ça veut dire « douceur »… Reste à venir la chercher !










Ne revenons pas sur nos nuits ici, pas de supplément de « courant » et toujours le « bain de minuit » sous la douche, l’essentiel étant d’en sortir pour une troisième et dernière journée qui se promettait de ressembler aux deux autres… Mais c’était ne pas connaître le lundi de Pâques malgache !

Imaginez un vol de sauterelles qui s’abat sur les champs de mil, sur les rizières en pleine production pour faire couleur locale… C’est très exactement ce qui s’est passé dès les premières heures de la matinée sur notre kilomètre de sable. La petite anse d’Ifaty s’est transformée en une sorte de « luna-parc » au point que nous nous sommes demandés si toute la population de la province n’avait pas débarqué, des grands-parents aux petits enfants.

Sûrement un bon millier de Malgaches se sont installés sous les filaos, cocotiers et tamariniers, en de vastes pique-niques familiaux, la musique « à donf »… Venus de Tana pour quelques uns mais surtout de Tuléar dont les rues doivent être désertes aujourd’hui.

L’eau est envahie de baigneurs et baigneuses, les pirogues pleines de jeunesse rigolarde, sont de sortie pour sillonner la baie en tout sens.

La grève est arpentée comme les planches de Deauville un soir d’été, les Belles parées de toutes les couleurs, casquettes rivées sur le crane et lunettes solaires de play-boy made in china sur le nez.

Le football malgache n’est pas florissant mais on tape la baballe. Même si les malgaches sont devenus champions de monde de pétanque  en 2009 (honte aux Marseillais), sous un soleil de plomb, le sport est trop fatiguant pour qu’on y brille !

Des stands de bouffe et des petites vendeuses partout, faut faire de la résistance pour échapper aux petites galettes de pommes de terre présentées comme un délice occasionnel.

J’ai fait la connaissance sur la plage du « Secrétaire particulier du Ministre de l’intérieur » qui au bout de 30 secondes m’a offert tous ses services en cas de besoin, mais qui m’a souhaité une « bonne journée » quand 5 minutes après je lui ai demandé « Pourquoi un peuple si pauvre sur une île si riche »… voilà une question qu’elle était conne !

Non, nous avons déjeuné avec Maurice notre invité, sous la varangue posée dans le sable de Séverine, notre charmante toulousaine, de poisson au curry et légumes aux quatre épices… Ne sommes nous pas le 1er avril !

Puis de nous retrouver chez Didier le Breton pour le café servi par « Douceur », je l’adore avec plein de sucre… Le café malgache .

Que dire de notre après-midi qui aurait mérité pour débuter la sieste « coquine » mais la chaleur a raison de tout en cette terre lointaine où le concept du travail libérateur ne signifie rien sous ce tropique du Capricorne qui transforme tout effort « en torture »… Les Vasa ne pourront jamais comprendre. Didier a raison, le Malgache les deux pieds dans sa terre rouge est heureux de son sort, son sourire éclatant en témoigne.

Les lémuriens aussi.

La foule a quasiment doublé dans l’après-midi, le volume sonore aussi , également la chaleur, un bon 35°. Nous nous sommes réfugiés dans notre bungalow. Cosy. A 18 heures le soleil s’est couché sur une plage quasiment vide.

Tout à l’heure ce sera « diner » chez Didier probablement, une bonne pizza comme hier au soir, puis« dodo » dans la fournaise avec douche de minuit avant un lever demain de bonne heure afin de reprendre la route dès 6 heures… La Nationale 7 pour ne pas « Trénet » ici, sait-on jamais « si des fois qu’on y reste pour regarder le temps passer ».

Trop chaud.





















 

2 commentaires:

  1. C'est toujours aussi beau et on enrage de voir tout ça du canapé. De toute façon, la décision est prise et on ne passera pas le prochain hiver ici ; c'est trop long et trop froid surtout cette année. Il pleut anormalement depuis des mois et ça ne semble pas vouloir s'arrêter.
    On a des projets de ballade et on verra éventuellement cu que l'on peut faire ensemble.
    Ce we on est à Marseille...
    Bon vent à vous.

    bizzzzzzzzzzz

    marc et Framboise

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  2. Vous ne dites pas si vous aviez danse à la soirée ? Bisous...

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