Dimanche 7 / Lundi 8 avril
A 10 heures nous avions donc rejoint la
nationale 2.
A Andasibé, nous étions repassés en dessous des
1000 mètres, laissant les « Hauts Plateaux » derrière nous et nous
avons continué à perdre de l’altitude jusqu’à nous retrouver vers 15 heures 30
sur la rive du lac Rasoabé, l’un des lacs qui participe à la continuité du
canal des Pangalanes que nous retrouvons dans sa partie « Nord »
après l’avoir approché à Manakara au « Sud ».
Nous avons déjeuné « malgache » au
village qui marque l’intersection entre la route qui glisse vers Tamatave au
« Nord » et celle qui prend la direction du « Sud ». Un
nœud où se retrouvent tous les usagers du bitume pour déjeuner, où qu’ils
aillent. Ainsi Ampitabé est à la fois un vaste parking, un marché permanent qui
offre tout ce qui se mange, et l’agglomérat d’une kyrielle de restos malgaches
qui à l’heure du repas, sont bondés au point d’attendre qu’une table se libère.
Seuls les semi-remorques, qui sont légion entre
la Capitale et son port maritime, poussent plus loin ou s’arrêtent avant, faute
de place, ils ont déjà bien du mal à se frayer un passage dans ce boyau en
pleine action.
Avant d’y arriver, la route virevolte tout en
descendant dans un très joli décor montagneux, vert à souhait, mais suivant un
regard plus acéré, il faut bien constater que ce n’est qu’une population
végétale invasive qui fait illusion en masquant les dégâts de la déforestation
« sauvage » du passé.
Une couverture arbustive, mais pas de grands arbres
en dehors de ceux qui bordent les abords de la route, où s’égrainent des
hameaux de maisons de bois et de paille.
La population est certes moins pauvre qu’en zone
semi-désertique, mais nous restons dans le dénuement. Force est de constater
tout de même que nous voyons personne pousser des chariots d’un autre âge avec
des charges démentes.
Les arbres du voyageur refont leur apparition, des
fruitiers de toutes sortes, comme des litchis mais ce n’est pas la saison,
beaucoup de bananiers qui encore une fois ne sont pas des arbres, à pleins
régimes.
A l’embranchement, nous avons pris la direction
du « Nord », toujours en perdant de l’altitude en zigzagant vers
l’océan, et les espèces plus maritimes firent leur apparition, en plantes et en
arbres comme les arbres à pain et les cocotiers. Nous traversons une zone anciennement
plantée de canne à sucre. Plus de canne, nous apercevrons l’énorme complexe de
transformation rouillé sortir de la verdure. L’Etat gérait l’exploitation et la
privatisation en marche n’est pas arrivée. En attendant les paysans se sont
réappropriés les terrains… En attendant.
Les 7 kilomètres de piste qui de la nationale au
bled perdu où nous sommes installés, furent d’une difficulté extrême pour José
avec son Espace. Pas venu depuis l’an dernier, il n’a pu que constater que la
dernière saison des pluies l’avait toute ravagée, croisons les doigts pour
qu’il ne pleuve pas d’ici le retour.
En attendant, nous sommes dans un chouette
endroit pour deux nuits, le bungalow est super, bois exotique pour ne pas
changer et paille de pandanus (ici vacona) pour la couverture. Le bar et la
varangue pour prendre les repas sont construits dans le même esprit, beaux
arbres et cocotiers, plage de sable blanc sur le lac Rasoabé.
L’eau à 20 mètres est animée d’un doux ressac
pour nous bercer cette nuit.
Il a fait assez chaud cette après-midi, mais ce
soir la température a baissé, comme hier. Nous avons mis la moustiquaire, le
moustique s’est annoncé gourmand dès notre arrivée… Normal au bord de l’eau.
A 4 heures et des poussières, la pluie chantait sur le pandanus. Jusqu’au petit matin.
A 4 heures et des poussières, la pluie chantait sur le pandanus. Jusqu’au petit matin.
Le jour calma un peu les choses et tout le monde
était d’avis que la chape grise du ciel allait finir par se lever vers 10
heures. Soit.
La veille en arrivant, nous nous étions mis
d’accord, avec un couple sympathique arrivé dans les lieux un peu avant nous,
pour partager le coût d’un bateau que nous avions prévu de prendre pour faire
un tour sur le lac et pousser vers un motel top classe, « le Palmarium ».
C’est surtout son « Parc » qui est renommé …. Et la 30 passée de 8,
nous sommes partis tous les quatre l’estomac garni d’un bon petit déjeuner et
le soleil dans les cœurs.
90 minutes de bateau pour rejoindre la partie
supérieure du lac Rasoabé, s’enfiler dans un chenal de verdure tropicale
exubérante, tronçon du canal des Pagalanes, en direction du lac Ampitabé pour
retrouver sur la rive « Ouest » le site du « Palmarium » en
surplomb de l’eau et en lisière de forêt.
Deux parties à la visite, la première concernant
les abords de l’établissement, un très beau jardin où nombre d’espèces sont
représentées. Notons seulement de beaux plans de vanille garnis de gousses
encore vertes, neuf mois de maturation avant la cueillette
Parlons de lémuriens surtout, qui aux cris de
ralliement du guide de service, se sont mis à dégringoler des arbres pour venir
nous manger dans la main. Deux sœurs étaient venues nous rejoindre, et c’est
« con », nous étions tous les 6 complètement « gagas »
comme des enfants jouant avec leurs peluches. Plusieurs « marques »,
mais pour brouiller les pistes, toutes un peu mélangées, ce qui encore une fois
prouve que la beauté vient du métissage.
Notre guide nous entraîna ensuite dans la
« rain forest » car la pluie s’était remise à donner de la goutte,
peu de gouttes au décimètre carré mais de grosses gouttes bien tropicales, mais
quand on aime…
Il a fallu beaucoup de prouesses vocales pour
les faire venir mais nous avons fini par les dénicher et ils sont venus… Les
Indris. Et cette fois-ci, plutôt que de les contempler à distance comme hier,
ils sont venus jusqu’à nos rondelles de banane, dont ils ont apprécié la chair
mais pas la peau, comme nous !
Anne en a jubilé de plaisir, moi aussi, les
autres également : Magalie et Olivier, le couple fort charmant qui
partageait cette agréable journée avec nous, et nos deux sœurs qui avaient vécu
trois années d’enfance à Mada où papa « gendarme de l’air » avait été
nommé fin des années 60, et qui sont revenues « péleriner » ensemble
laissant maris et enfants au charbon. L’une des deux est magistrate à Bourges.
Elles s’en sont retournées et nous sommes passés
à table avant de reprendre notre bateau sans trop tarder, car avec José assez
inquiet au réveil, nous avions le matin même décidé de reprendre la piste dès
l’après-midi dans le sillage de la voiture de nos nouveaux amis (nos chauffeurs
sont copains de lycée), le ciel nous promettant de respecter la saison des
pluies.
A 15 heures, nous étions à « bonne
grève » et une demi-heure plus tard, après nous être fait pousser (encore),
nous attaquions l’aventure de la piste, pour découvrir que nous avions mangé
notre « pain blanc » hier. En venant nous descendions d’ornière
boueuse en ornière boueuse alors qu’aujourd’hui il nous fallait remonter une
piste encore plus dégradée que même le 4x4 de nos amis a peiné derrière pour le
retour, Anne plus souvent sur leur banquette arrière que dans notre vieille
Espace aux pneus lisses.
Le miracle qui n’en est pas un, c’est que dans
un pays défoncé comme Madagascar, tout le monde s’entraide, certes avec un
petit billet qui change de main, mais personne ne laisse personne sur le bas
côté. Les jeunes du coin sont « ficelles » une équipe est toujours
prête et c’est avec la jeunesse aux fesses que notre Renault, autant en
glissant qu’en roulant a réussi à franchir l’épreuve de la bouillasse, une
épreuve qui renferme aussi bien physiquement que symboliquement, les éléments
combinés de la terre, de l’eau et de l’air.
Pour le feu, le moteur a résisté mais je ne sais pas comment, toujours est-il que nous nous sommes retrouvés sur la nationale 2, crottés mais ravis, et avons pu libérer notre « voiture balai » et nos amis « Basques » qui déjà rêvaient de se retrouver sur l’Ile Sainte Marie, leur destination.
Pour le feu, le moteur a résisté mais je ne sais pas comment, toujours est-il que nous nous sommes retrouvés sur la nationale 2, crottés mais ravis, et avons pu libérer notre « voiture balai » et nos amis « Basques » qui déjà rêvaient de se retrouver sur l’Ile Sainte Marie, leur destination.
Ah la belle journée !
Où l'on voit qu'Anne n'a pas oublié de mettre du rouge-à-zongles. On peut être au milieu de la rain-forest et rester coquette. Aussi les indris s'arreuillent-ils; il y a longtemps qu'ils n'avaing pas vu d'aussi jolie drôlesse.
RépondreSupprimerP
Super recit et aventures ! Que c'est vert ! Bises a vous 2!
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