Vendredi 19 avril
Derrière ce terme malgache, qui veut
probablement dire « les pointus », se cache une curiosité géologique
qui remonte à 160 millions d’années environ, alors que Madagascar se séparait
de l’Afrique et que se développaient au fond du nouveau bras de mer, des
développements coralliens, qui se sont par la suite élevés au dessus de l’océan
pour s’intégrer à la côte « Ouest » de l’Ile. L’érosion par l’air et
les pluies, acides probablement, au cours du temps en a sculpté les formes
actuelles.
Ainsi dans le « Sud » existent les
« tsingy » de Bémara que nous n’avons pas vus en raison de pistes pas
encore praticables, et dans le « Nord », où nous sommes, les
« tsingy » du Parc d’Ankàrana, tous les deux de composition calcaire.
Voilà notre programme de la matinée, et pour les
découvrir, entre autres, nous nous sommes lancés dans une longue marche de 4
heures à travers la forêt primaire du Parc, et dans les pas d’une jolie petite
guide Antakàrana.
Le massif calcaire des tsingy est donc un
ensemble d’aiguilles de pierres acérées, entaillé de canyons boisés et de
galeries impénétrables, au cœur de la forêt, dont nous avons une vue aérienne
et que nous pouvons franchir à l’aide de deux ponts suspendus.
La chute serait fatale.
Mais la forêt en elle-même est un trésor d’espèces
souvent endémiques du « Nord » comme de petits lémuriens nocturnes
que nous apercevrons « siester » dans des creux d’arbres, des
« septentrionilis ». Nous apercevrons aussi des espèces diurnes comme
des « couronnés » et des « barbus » mais si haut dans les arbres
que la photo précise n’était guère envisageable avec mon équipement sommaire.
Nous avons croisé la vie de plusieurs serpents (c’est
devenu d’un banal !), dont un joli boa appréciable par sa taille, de gros
mille-pattes et d’un énorme scorpion, rare, sûrement 10 cm tout déployé, et que
nous aurions pu toucher du doigt si nous avions eu l’instinct suicidaire car,
avec le crocodile c’est le second tueur de Madagascar.
Entendu et vu de nombreux oiseaux et de beaux
arbres dont une forme très fustigée de baobab et des ficus énormes aux pieds
tentaculaires.
Tout à Madagascar pousse en sur-dimension, sauf
les Malgaches peut-être qui toutes ethnies confondues, reste un peuple de
plutôt petite taille… Mais avec des filles « bien
gaulées » comme on dit « par cheu nous » !
Sitôt le déjeuner expédié, et après un bon bout
de route en première partie de l’après-midi en direction du « Nord »,
au terme de 17 kilomètres d’une piste « sportive » de latérite, nous
sommes arrivés aux « tsingy Rouges », l’un des sites les plus
apprécié des environs de Diego-Suarez.
Tsingy par des formes acérées comme les
précédents mais pas de formation karstique comme les précédents, ils sont eux-mêmes
en latérite, similairement sculptés au fil du temps par l’érosion.
Résultat : des pitons aux formes improbables, oscillant du brun-crème à
l’ocre, et qui suivant une vision aérienne, donne à l’ensemble une image de cathédrales
lançant toutes leurs flèches vers les cieux, un peu comme le fait la cathédrale
de Milan.
Un bon kilomètre de marche incertaine dans la
terre ravinée nous permettra, au sortir du canyon dans lequel elles se
dressent, de les toucher du doigt… Je crois que nous aurons notre dose de
« marches » pour les 12 mois à venir.
Encore un bon 50 kilomètres de nationale 6 où
les trous ne nous ont d’autant pas épargnés que notre chauffeur et ami avait le
soleil dans les yeux, et nous arrivions à Diego-Suarez au moment même où le
soleil justement s’en éclipsait.
C’est vendredi soir, c’est donc « la
vendredisation » comme nous l’a expliqué Faly, un néologisme malgache
signifiant que tout le monde fête la fin de la semaine de travail, dans les
villes du moins, de fait tout Diego est de sortie, les reines du trottoir
toutes grimpées sur leur talons hauts, sont à la chasse. Les bars se sont
remplis, la bière et le rhum vont couler à flots… Tour de ville, achat d’eau,
choix d’un hôtel, dîner dans un petit resto à la cuisine réunionnaise et nous
voici installés pour 3 nuits… Diego-Suarez, encore un port mythique qui m’a
fait rêver depuis tout petit !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire