Mardi 9 / mercredi 10 / jeudi 11 avril
Alors ça c’est une épreuve. Comment peut-on être
à la tête d’un Pays en offrant à sa population des routes dans un état de
délabrement même pas imaginable pour un esprit sain.
Nous avons mis presque 2 heures et demie pour
faire les 55 kilomètres de distance jusqu’à Mahavelona, que tout le monde
continue aussi à nommer Foulpointe, et qui était parcouru jadis en 40
minutes ! Comment un Pays peut-il se développer avec de telles voies de
communication et d’échanges commerciaux ?
Comme pour l’ensemble de l’île, la carte IGN est
remplie de nationales en tous sens, bien dessinées, et la Nationale 5 qui
poursuit la n°2 vers le « Nord » à partir de Tamatave, est représentée
par un joli trait rouge bien net. Visiblement, les cartographes n’ont pas remis
les pieds à Mada depuis les années 70, période où la France avec ses
Entreprises ont été définitivement mises à la porte par Didier Ratsiraka, au
profit des Russes, des Chinois et des Coréens du Nord !
Révolution « communiste »
magistralement ratée, monsieur vit confortablement à l’étranger aujourd’hui… En
France !
La triste réalité est un pointillé de petits
traits noirs de bitume en état médiocre et de grands espaces blancs, plutôt
orangés de la flotte des baignoires à éléphants qui se succèdent en chemin. Ca
et là des tas de gravillons qui attendraient depuis 2 ans que l’on veuille bien
les répartir… Notre vieille Espace avec ses 391.000 kilomètres au compteur est
malgré tout arrivée à franchir l’épreuve sans que l’on mette un pied par terre
mais les reins en capilotade.
Il est vrai que nous avons un ancien Commandant
de Brigade de Gendarmerie au volant et qu’il a été en poste sur la côte
« Est » alors pour lui faire perdre son calme, il faut s’y prendre de
bonne heure… En journée. N’ayant pas eu le choix, José a fait un jour, la route
de nuit (c’est comme ça le français), aussi nous a-t’il expliqué, il a passé un
accord avec un taxi-brousse et moyennant un petit billet, il s’est glissé dans
le sillage de ses roues.
Les chauffeurs de taxis-brousses connaissent
tous les trous et leurs profondeurs.
Le paysage est côtier, « exotiquement» beau,
asiatique presque.
Foulpointe nous replonge dans l’ambiance du
littoral Birman, mais l’on pourrait parler de Thaïlande, de Malaisie ou
d’Indonésie. Nous sommes installés dans un motel de style local aux allures de
petit « village-club » avec ses pelouses fleuries, cocotiers, arbres
du voyageur et allées de sable, sa piscine bien bleue, tennis etc…
Au milieu d’un ensemble de bungalows familiaux
nous avons au centre d’une sorte de « maison longue », une grande
chambre agréablement meublée, avec une petite terrasse donnant sur l’herbe,
face à la piscine.
En léger contrebas, toujours en face et en avant
de la frise des cocotiers, une très belle et grande plage de sable bien blanc
donnant sur un lagon bordé à 500 mètres par une belle barrière écumeuse où les
énormes rouleaux de l’Océan Indien viennent se briser.
Un endroit à faire rêver les « lécheurs »
de catalogues de voyage, nous connaissons beaucoup de belles plages de part le
monde, mais dans la catégorie « tropicale », celle-ci accède au top
50… Faut pas non plus en rajouter !
Dans notre lit 2x90, nous avions de la place en
cette nuit un peu chaude, surtout pour Anne qui s’est faîte prendre les
poumons, mais nous avons dormi, certes en pointillés, un bon 10 heures. Nous
étions crevés hier. Des rafales de pluies sont venues apporter un peu de fraîcheur,
encore ce matin au lever, mais dès le milieu de la matinée le soleil a décidé
de nous récompenser.
C’est pour ça que je « crois » au
soleil, lui au moins sait montrer son nez…Merci Soleil !
Quelques couples avec nous, quelques enfants,
histoire de donner un minimum de vie à l’endroit, le village est derrière nous,
sur 500 mètres jusqu’à la nationale, un village comme il y en a tant ici, notre
sympathique José y a trouvé domicile à portée de sa bourse.
J’ai testé la mer ce matin, elle est délicieuse,
la seule petite épreuve restant de franchir le cordon des petites vendeuses de
colliers, des vendeuses de graines et des petites masseuses, des vendeurs de
repas de langouste et de promenade en pirogue, mais tout de monde est d’une
telle gentillesse qu’ils manqueraient au décor.
Nous aurions envie de leur distribuer des
billets de 2000 ariarys à tout va, si c’était la solution… Un repas de riz pour
eux et 70 centimes d’euros pour nous !
Après-midi à l’ombre sous les cocotiers :
déjeuner (crevettes sauce à l’ail/frites pour la miss et choucroute de la mer à
la malgache pour moi… Excellentissime !), sieste pour Anne qui est passée
aux antibios, lecture pour nous deux, baignade à nouveau pour moi, l’Océan et
la piscine… Bref la belle vie.
Dîner sur place et dodo, après le « journal
de la une », la seule chaîne que l’on capte ici avec la 6.
Ce matin nous avions rendez-vous vers 10 heures
avec José, qui vit sa vie de son côté, pour visiter le « Manda
fort », la seule curiosité de l’endroit à découvrir.
C’est un grand édifice circulaire, armé de
canons anglais par les Anglais. Fort que s’était fait construire Ramada Ier
sous l’époque Napoléonienne, comme base de repli alors
qu’il« tapait » du Français sur la route des Indes… La guerre
Franco-Anglaise pour la suprématie des
mers s’exportait jusqu’ici.
Construit en pierre liées de ciment de sable et
de poudre de corail, recouvert d’un enduit à la coquille d’œuf, le Fort était
autrefois au bord de l’Océan, comme pour Brouage en Charente, il est
aujourd’hui dans les terres.
Petit tour par la case cyber, petit tour de
village et nous nous sommes fait alpaguer pour un déjeuner de langouste dans un
petit kiosque en bambou tressé sur la plage. Comment pouvions nous résister
davantage.
Une salade de papaye verte en entrée, notre kilo
de crustacés avec ses frites et du riz en accompagnement, une grande bière THB
(très bonne bière locale) pour nous deux… Rien de plus simple pour passer un
bon moment. Nous nous sommes véritablement régalés, autant qu’à Cuba et autant
que sur l’île des Pins de mémoire de gourmands.
« Copier-coller » pour l’après-midi,
comme hier au soleil après la pluie du matin, le « Grand Jardiner de
l’Univers » n’oublie que rarement son petit ou gros arrosage quotidien sur
la côte, surtout en cette saison, deux dépressions cycloniques tournent à
nouveau dans notre secteur de l’Océan Indien. Pour l’heure, elles sont encore
très au « Nord » des iles Mascareignes.
Demain retour sur Tana, pas un seul autre moyen
que de reprendre très exactement la même route, départ à 6 heures.
Profitez bien des langoustes et sinon esseyez les cigales de mer.
RépondreSupprimerLionel