Lundi 22 / mardi 23 / mercredi et jeudi 25 avril
Nous avons surpris le jeune Toulousain le
marteau à la main qui nous explique : « nous venons de reprendre
l’hôtel avec mon épouse et comme nous n’avions pas de réservations pour avril,
nous avons décidé de fermer pour faire d’importants travaux, nous ne pouvons donc
vous accueillir. Et même si je le faisais, vous seriez dans le bruit et l’odeur
de peinture toute la journée »… D’un coup le mauvais sort venait de nous
retirer le « tapis Seychellois » de dessous les pieds… Et
Merde !
Il était aussi désolé que sympathique dans son
désarroi, et le seul service que nous pouvions lui rendre était d’aller nous
faire voir ailleurs. Il voulait bien téléphoner partout mais la vie ne
s’arrêtant ni à Eboli ni en ce bout de plage, bagages laissés dans un coin de
la réception déjà en désordre, nous allâmes pédestrement chercher
« fortune » un peu plus loin… Et comme un rêve est souvent remplacé
par un autre, nous avons « cassé » notre tirelire et nous voici
installés dans un Lodge posé sur un énorme rocher, entre deux anses de sable,
dominant l’Océan sur 270°.
Un vaste bungalow en bois très joliment meublé
et décoré, sur pilotis avec un grand balcon orné d’un côté d’un flamboyant et
de bougainvilliers en fleurs, de l’autre d’un frangipanier et d’un tamarinier.
En dessous les rochers, en face la belle nappe d’eau avec son activité de
bateaux, voiliers et pirogues. En face des « cailloux » qui émergent,
Nosy Komba voudrait dire en effet « l’Ile entourée de rochers »
Pour venir jusque là, il a fallu traverser le petit
village de pêcheurs, jalonné d’éventaires et de petites boutiques de souvenirs,
nous verrons tout cela demain. Après un déjeuner chez « Claudia » une
jolie Malgache qui tient une gargote de plage aux pieds de notre Lodge, nous
avons décidé de ne pas faire un mètre de plus aujourd’hui… Et de
savourer !
Au dîner, en attendant la pizza et la salade que
nous avions commandées, Franck est venu nous faire la conversation. Franck est
le gérant du Maki Lodge où nous sommes installés. Jeune Corse de33 ans et déjà grand
bourlingueur devant l’éternel, il a dirigé durant ces dernières années l’Ecole
Hôtelière de Nosy-Bé… Et nous nous sommes raconté nos itinéraires communs,
d’Asie du Sud Est, de transsibérien ou encore du Pérou.
A 14 heures, nous étions de retour pour « siester »
dans nos chiliennes face au grand bleu, juste le temps d’admirer la belle prise
de Franck au fusil, une carangue d’au moins 50 centimètres qu’il s’est promis
de manger sous notre nez ce soir si nous avons bien compris.
La matinée, démarrée au jus de goyave, assiettée
de fruits dégoulinant de jus sucré et tout ce qui fait un petit déjeuner
« normal », se résume à la formule « sable, soleil et baignade ».
Pour des raisons d’ombrage, nous avons rejoint la plage « du
débarquement » d’hier et sous les cocotiers, nous y avons bien passé trois
heures entre lecture et baignade. Une large trouée sur l’océan en face, Nosy Bé
toute proche barrant l’horizon sur notre gauche, et la Grande Ile, plus
lointaine sur la droite.
Retour par le village de pêcheurs, arrêt au
restaurant des « Lémuriens », un hôtel aux bungalows à l’allure
défraîchie situé au cœur du village, petit tour à travers les échoppes qui
témoignent d’un habile artisanat, sculptures en palissandre pour les hommes et
nappes brodées pour les femmes.
Notre bungalow suspendu dans les airs au dessus
de l’eau est une invitation à l’immobilisme, pourtant avant l’arrivée de la
nuit nous sommes repartis pour un petit tour de village, qui se résume à un
chemin de sable avec des maisons de bois sur pilotis et de paille comme nous en
avons déjà vu tant. La vie sociale se faisant à l’extérieur, dans l’eau, sous
les arbres, autour des fontaines dont les bacs servent aussi à laver, les
vêtements et les corps. La cuisine se fait sur le pas des portes.
Tout le monde est à la fraîcheur du soir,
pourtant bien relative. Les hommes ensemble, les femmes aussi, les enfants par
paquets, par tranche d’âge. Les jeunes filles ont fait la toilette et sont dans
leurs beaux habits de couleur.
La où il y a du tourisme, les retombées se font
sentir sur la population, les gens ici ne sont pas en haillons mais proprement
vêtus.
Contrairement à hier, Hell-Ville était sous un
soleil éclatant ce matin. Hell Ville est en quelque sorte la capitale de
Nosy-Bé, et se laisse dessinée dans une anse « à 10 heures » de
l’emplacement sous les cocotiers que nous avions retrouvés tout naturellement
pour notre seconde matinée de plage. Pour la baignade, il a fallu par contre
attendre la fin de la matinée que la mer remonte mais la lecture aide à
patienter.
Et puis nous n’avons pas été privés d’animation.
Il nous a semblé que tous les écoliers de l’ile défilaient devant nous. Tony
l’un des Instits nous a expliqué que pendant trois journées, les équipes de
minimes et de cadets des 7 écoles de l’île s’affrontaient au football. De fait,
les rencontres se déroulaient plus loin sur la plage, à marée basse car les
poteaux sont dans l’eau autrement. Les équipes gagnantes rencontrent celles de
Nosy-Bé, et les vainqueurs finaux partiront pour la Grande Ile comme on dit
ici.
Tony était bien bavard sur la politique
« vérolée » de son Pays. Grande clairvoyance et craintif pour
l’avenir. « Nous sommes trop gentils, trop patients mais ça va finir par
éclater »…
Et puis un joli garçonnet de 5 ans est venu nous
distraire jusqu’à venir se frotter à nous. Une « mamie » et un
« papy » Vasa comme bêtes curieuses. Sa jolie maman est passée par
là, avec la petite sœur, et nous a expliqué sa vie, dans l’Ile qui l’a vue
naitre et qui la verra vivre. Sarah est venue se faire câliner comme Samuel son
grand frère.
Même avec rien, les Malgaches expriment la joie
de vivre, Tony est d’accord, ils n’ont pas faim, pas le cœur à protester,
aucune rage cachée pour vaincre… Ils aiment le football mais ce sont les plus
nuls de l’Afrique !
Claudia dans sa gargote nous a régalés pour la
seconde fois et puis nous avons retrouvé « notre balcon » au dessus
de l’océan pour plonger dans la sieste.
Seconde fin d’après-midi d’immersion dans
« notre » petit village de pêcheurs, de sculpteurs et de brodeuses
Le calme absolu en dehors des cris de la
jeunesse qui joue, ce soir elle dort partout à commencer dans les salles de
classe en attendant les rencontres de demain, nous avons croisé à nouveau Tony,
nous avons aussi croisé deux couples de profs du lycée français de Tana qui ont
loué une vaste maison pour les vacances, ils sont en poste depuis 2 ans et nous
expliquent Madagascar et les Malgaches tels que nous les avons perçus.
Nous avons eu Faly une dernière fois au téléphone,
il est bien rentré au bercail, vraiment une rencontre de qualité, qui aura
largement participé à la réussite de notre voyage.
Au soi, Franck nous a raconté ses
« aventures » en terre malgache, ses amours avec sa petite paysanne
que nous n’aurons pas vue faute d’avoir pu se libérer des travaux de rizières,
encore un garçon probablement perdu pour le vieux continent.
Matinée tranquille en attendant la navette pour
l’île d’en face. La mer à marée basse rendant la baignade moins agréable, nous
nous sommes contentés de monter sur les hauteur d’ Ampangorina, notre village.
Sa petite église est le point le plus élevé avec
vue sur la forêt dense d’un côté, le village en contrebas et l’océan de part et
d’autre. En descendant, nous avons fait un brin de conversation avec la jeune
enseignante qui faisait cours à une poignée d’ados en classe de troisième, dans
une salle toute délabrée. Nous lui avons donné nos derniers stylos avant de donner
nos derniers savons et brosses à dents un peu plus bas.
A 10 heures, en sueur, nous étions de retour
pour une dernière douche, nous nous étions faits proprement dévorés en prime
dans les sous-bois. Bouclage des sacs, de plus en plus lourds en attendant de
nous délester de quelques vieilles affaires qui ne feront pas le chemin du
retour.
Mais bonnes pour le « second marché » !
Pour Anne, la taille colle, mais pour moi, ils
pourront se mettre à deux dans mes fringues. Pour ceux qui viendraient dans nos
pas, s’ils rencontrent deux mecs dans une même chemise, ce sera la mienne, pas
la peine de me la rapporter !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire